Interview de Jean-Louis Legleut : Directeur Commercial chez Mpman France

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Mpman étant la petite marque qui monte qui monte, et que vous semblez apprécier, il nous a semblé intéressant d’aller au delà des tests de tablettes et d’interviewer l’un de ses responsables en France.

Nouvelle gamme MPman 2012

Tablette-tactile.net : Bonjour Jean-Louis Legleut ! Vous êtes directeur commercial chez MPMAN FRANCE, pouvez-vous présenter à nos lecteurs la marque en quelques mots ?

MPMan MP F10b
MPMan MP F10 , premier lecteur audio numérique portable vendu sur le marché nord-américain (source)

Jean-Louis Legleut : Bonjour, la marque Mpman est l’inventeur du baladeur MP3 en 1997 (brevet déposé sur le premier produit audio portable appliquant la compression MPEG Audio Layer 3). Nous avons une position établie et forte depuis 12 ans sur le marché de l’audio numérique portable. Nous sommes présents dans 21 pays d’Europe. Nous commercialisons du baladeur MP3, de la tablette, une très large gamme de produits audio analogiques (mini-chaînes, boom-box, petit audio) ainsi qu’une gamme de produits vidéo (DVD, caméscopes…).

T-T.net : Vous êtes connus pour développer avant tout des baladeurs MP3 d’entrée de gamme. Qu’est-ce qui vous a poussé à entrer sur le marché des tablettes tactiles ?

J.L.L : L’évolution du baladeur MP3 vers la tablette internet est une évolution logique dans l’univers des produits nomades. En effet, internet en 10 ans est devenu incontournable. Tous les produits s’interconnectent au web. Une tablette internet reprend les fonctions de base du baladeur MP3/MP4 : lecture vidéo, audio, texte, etc. Son utilisation est aussi principalement nomade. La logique n’est plus de parler de baladeurs MP3/MP4, de tablettes, d’e-books… mais d’appareils multimédia connectés. Une tablette 5 pouces est-elle vraiment une tablette ? Oui et non : oui par son utilisation et non quand a sa classification.

Ces deux marchés vont se mélanger.

T-t.net : Vos tablettes en sont à leur deuxième génération, mais le succès est-il au rendez-vous ? Quel a été l’impact de ce nouveau marché sur votre entreprise ?

J.L.L : Nous avons en effet commencé timidement dès le 1er semestre 2011. Pour vous donner un ordre de grandeur de notre évolution, nous avons livré deux fois plus de tablettes entre janvier 2012 et aujourd’hui -c’est à dire en quatre mois – que sur l’année 2011. La revente sur le marché de nos tablettes est patente, notre position dans les Hit Lists GFK l’atteste.

T-T.net : La nouvelle gamme présente une très forte homogénéité (basée sur le couple Allwinner A10/Mali400) par rapport aux anciens modèles. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?

J.L.L : C’est la nouvelle solution utilisée par notre principal fournisseur coréen, qui nous permet de proposer un excellent rapport qualité / prix / fonctions / fiabilité. Pour exemple, trouvez en annexe 2 la différence qui existe entre un processeur MIPS et notre solution. En termes de fiabilité et de performance, y’a pas photo !

T-T.net : Vos tablettes sont depuis 2011 des modèles dits « rebrandés »*, ajoutez-vous quelque chose dans le processus, en dehors du réglage de la langue en français ? ;-)

J.L.L : Aujourd’hui, c’est le boom de la tablette. Au dernier salon à Hong Kong, 100 fabricants proposaient de la tablette et il va y avoir sur le marché des tablettes à des prix qui n’existent pas, évidemment au détriment de la qualité. Nous n’avons pas la prétention d’être des fabricants à part entière, car c’est l’apanage des grandes marques A comme Samsung, Sony, Apple etc. Bien sûr nous faisons du sourcing mais avec un cahier des charges très précis. Nous avons à ce jour plus de 20 ans d’expérience sur le marché asiatique et avec nos deux implantations en Corée du Sud et en Chine, nous faisons un sourcing de « qualité ».

Nos interlocuteurs sont des fabricants coréens avec une ingénierie coréenne, une R & D coréenne et une fabrication, comme beaucoup d’autres marques en Chine. Notre souci permanent est un contrôle rigoureux de la qualité sur les sites de production. Le point faible de la fabrication chinoise non-contrôlée est une qualité moindre qui engendre des taux de retours SAV très élevés. On peut aujourd’hui annoncer que nous avons des taux de retours SAV inférieurs à 3%. Une petite étude sur le marché chinois de la tablette a montré les inconvénients liés au choix de processeurs instables, d’écrans en PET (plastique) et autres solutions certes économiques dégradant la qualité.

En plus de la fiabilité intrinsèque des produits, nous nous sommes souciés bien sûr du portail pour télécharger des applications. Nous avons contractualisé en direct avec GETJAR, 1er portail d’applications au Monde offrant 528 000 applications gratuites. Nous vérifions que le téléchargement des applications principales est compatible avec nos tablettes (msn, facebook, skype, jeux ect.). Pour répondre plus précisément à votre approche sur Mpman commercialisant des produits « rebrandés », je voudrais vous préciser que notre approche consumériste dépasse concrètement celle de la pure fabrication en usine. L’offre Mpman ne se limite pas à pousser des cartons, mais à offrir un service global afférent au produit. Pour exemple, notre SAV tablettes n’est pas sous-traité, nous sommes 100% réactifs aux demandes des revendeurs et consommateurs. Notre réactivité en termes de SAV est parfaitement établie, et nous offrons aux consommateurs une hotline 100% opérationnelle.

T-T.net : MPMAN vise depuis longtemps le secteur de l’entrée de gamme, y’a-t-il une évolution prévue de ce côté, avec des tablettes plus performantes, mais dépassant les 250€ ?

J.L.L : La position de Mpman sur le baladeur MP3 est le premier quartile, nous inclinons dans le même sens pour les tablettes. On ne va pas changer un positionnement qui fonctionne. Notre stratégie est inchangée : offrir des produits de qualité de marque A au prix de marque B. Comme dirait GFK quand à notre position sur les baladeurs, nous ne sommes pas une marque B, mais une marque B +. Evoquer le terme « low cost » ou « entrée de gamme » peut sembler péjoratif, mais on peut parfaitement commercialiser des produits de bonne qualité à des prix bas. Il serait illusoire de se comparer aux géants du marché, cependant tous les secteurs d’activités industrielles et de service offrent des solutions « low cost », ce qui ne veut pas dire de mauvaise qualité. Voyage-t-on mal sur Easyjet ? Comment expliquer le succès de Dacia ? Le succès des marques de distribution est-il infondé et inintéressant pour le consommateur ? Comme sur le MP3, le marché va se scinder en deux : les produits d’entrée de gamme et le haut de gamme avec un vide entre les deux. A mon avis, s’engager entre ces deux marchés est dangereux. Notre réussite est aussi basée sur notre flexibilité et notre taille. Si on veut développer du haut de gamme, on ne résistera pas à la pression des grandes marques de l’IT. Chacun sa place.

T-T.net : Je reviens un peu sur la gamme de 2012 : il n’y a pas de Google Play Store officiel intégré à vos tablettes, alors que presque tous vos concurrents le proposent… N’est-ce pas risqué de rester avec Getjar (qui fonctionnait relativement mal lors des tests…) ?

J.L.L : En effet, les marques A sont certifiées Google et ce n’est pas le cas de la majorité des marques B. Nous pouvions reprocher à GETJAR à ses débuts de par son origine en langue anglaise de ne pas proposer assez d’applications en français. La tendance s’inverse, chaque jour GETJAR optimise son portail en termes d’applications francophones et de performances. Comparons ce qui est comparable, Mpman n’a pas la prétention de concurrencer les marques A mais de dupliquer son succès en MP3 et d’être un des leaders des marques B en tablettes. Offrir 528 000 applications gratuites sur une tablette à 99 € est déjà très satisfaisant pour le consommateur (voir annexe 1 concernant l’offre GETJAR).

T-T.net : Parlons maintenant de la concurrence : Archos est n°1 des ventes de tablettes tactiles d’entrée/moyen de gamme en France et sa filiale low-cost, Arnova, connait un certain succès. Quel est votre vision face à cette concurrence ?

J.L.L : Ce marché de la tablette est à son début, il y a un potentiel énorme et il y a de la place pour tout le monde !!

T-T.net : Toujours sur la concurrence : de nombreux constructeurs, comme Storex, Memup ou Arnova proposent des tablettes qui viennent directement boxer dans votre catégorie. Je pense notamment à la MID74C, vendue à 99€, qui se retrouve nez à nez avec la eZeeTab7c2 de Storex ou la SlidePad 7″ de Memup, elles aussi à 99€. N’avez-vous pas des craintes de perdre de la clientèle avec ces concurrents ?

J.L.L : Nous commercialisons la MID7C et la MID74C (modèle en Android 4.0 et multi touch 5 points) depuis décembre et cela nous a permis de prendre des parts de marché très conséquentes. Les weeklys GFK sur février / mars nous donnent des parts de marchés volume jusqu’à 7% certaines semaines, alors que nous étions à 2% en novembre. On s’est retrouvés plusieurs fois dans les Hit Lists GFK n°4, avec 3 Apple devant nous !

Ces parts de marché, on les a bien prises à d’autres.  Bien sûr ceci est ponctuel et il reste beaucoup de travail à faire. Cependant, notre implantation en tablettes qui était timide sur Q4 en 2011 a doublé depuis janvier 2012. Notre distribution numérique à ce jour couvre 70% du marché. Sauf erreur de notre part, nous sommes les seuls à commercialiser depuis décembre 2011 de la tablette 7’’ avec écran capacitif multi touch, ce qui n’était le cas d’aucune marque B à cette période et à ce prix. Certes la concurrence existe mais nous avons une longueur d’avance que nous nous faisons fort de conserver dans les mois suivants.

La distribution nous a fait largement confiance et nous bénéficions d’une distribution numérique très large  pour une marque B. Il existe une différence notable entre les effets d’annonce de sortie d’un produit et sa commercialisation : nous avons livré nos premières tablettes MID74C en 7’’ capacitif avec Android 4.0 le 27 mars, et ceci très largement en France. Généralement quand nous annonçons, c’est que le produit est quasiment déjà sur les étagères des distributeurs. Ceci est très important car le marché de l’IT est une course de vitesse. Les nouvelles versions d’Android sont pour octobre 2012 et mars 2013.

T-T.net : L’offre logicielle de vos tablettes tactiles est relativement pauvre, notamment avec l’absence du Play Store. Le minimum syndical est là, mais ne serait-ce pas plus bénéfique d’étoffer cette offre (Aldiko est une bonne idée, j’ai bien aimé le retrouver là), en passant des partenariats avec quelques éditeurs d’applications ?

J.L.L : Nous sommes une marque jeune en tablette et nous nous devons de nous  améliorer chaque jour.

Notre offre logiciel va grandir. Cependant, on ne peut pas comparer l’offre logiciel d’une tablette de marque A à 500€ et celle d’une tablette à 100 €.

T-t.net : Pour finir, quels sont les projets futurs de la marque ? Réservez-vous des surprises pour cette année 2012 ?

J.L.L : Comme évoqué précédemment, nous tendrons à toujours avoir une longueur d’avance et des rapports prix / fonctions / fiabilité ultra compétitifs. Nos efforts vont se consacrer aussi sur le design avec la sortie prochaine d’une nouvelle version de la MID74C avec un design qui n’aura rien à envier aux plus grands.

Nous commençons à livrer dès maintenant notre tablette 9.7’’ 4 :3 avec dalle IPS, dos aluminium, double webcam, ultra plate 9.5 mm pour moins de 200 €. De l’avis de la majorité des revendeurs à qui nous l’avons présenté, le produit est très « design » et bien fini. En septembre, nous aurons 4 modèles avec dalle IPS. Je ne vous annonce pas les PPI, mais en période de crise de la consommation, nos produits seront accessibles à toutes les bourses.

Une étude est sortie en novembre 2011 où était posée la question suivante à un panel de 1000 consommateurs :

« Quel prix êtes-vous prêt à mettre pour acheter une tablette ? ».

      • 25% ont répondu « Moins de 100 € »,
      • 25% « Moins de 200 € »
      • et les 50% restants s’échelonnait au-dessus de 200 €.

Le marché de la tablette va progresser très fortement en 2012 en France (entre 2.5 et 3 millions de pièces). Cette évolution passera par une offre large sur les segments de prix accessibles à tous.

Pour exemple, le baladeur MP3 à ses débuts valait plus de 200 €, quand il est passé sous la barre des 100 €, le marché a explosé.

Un grand merci à Jean-Louis Legleut pour ses réponses plutôt précises même si nous regrettons toujours le choix de GetJar qui semble se confirmer pour les modèles à venir, alors que le Play Store serait un vrai plus pour ces tablettes.

Nous espérons que cette interview vous aura permis de vous faire une meilleure idée sur MPman, et n’hésitez pas à donner votre avis en commentaire ;-)

 

Annexe 1 : GetJar selon MPMAN

 

Annexe 2 : Allwinner A10 vs MIPS JZ4770 (en anglais)

le 2 2301
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2 commentaires
  1. J ai une tablette mpdc 112btips pas satisfaite car pas moyen de avoir google play store donc je ne peu pas avoir mes jeux je regrette mon achat c est de la merde ces tablette

    1. bonjour c la vrai merde c tablette mpmann j en ai deux les vitres se sont brisee et il veulent pas me les echange j aurais compris si les tablettes serait tombe par terre mais depuis le debut il y a un defaut

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