Si vous avez déjà pris l’avion, vous avez peut-être été surpris de voir à l’écran un film toujours en projection au cinéma. Alors que la réglementation française encadre strictement les délais de diffusion entre le grand écran et les plateformes de streaming, comment se fait-il que les compagnies aériennes échappent à cette règle ?
Une exception à la chronologie des médias
En France, la chronologie des médias impose un délai précis entre la sortie d’un film en salle et son arrivée sur d’autres supports. Ce cadre légal protège l’industrie du cinéma en allongeant la durée de vie des films en exploitation. Par exemple, un long-métrage ne peut pas arriver sur Disney+ avant 9 mois, et doit attendre 15 à 17 mois pour être accessible sur Netflix ou Prime Video. Pourtant, les avions bénéficient d’un traitement de faveur et proposent des films bien avant leur mise en ligne sur ces plateformes.
Pourquoi cette exception ? Tout simplement parce que les avions n’ont jamais été considérés comme un concurrent sérieux pour les salles obscures. Historiquement, seuls quelques privilégiés prenaient l’avion et, même aujourd’hui, regarder un film en vol ne remplace pas l’expérience du grand écran. Les autorités n’ont donc jamais jugé nécessaire de réglementer ce mode de diffusion, et les compagnies aériennes en profitent encore aujourd’hui.
Un modèle économique spécifique
Sans contraintes de diffusion imposées, les compagnies aériennes peuvent négocier directement avec les studios pour obtenir des films récents. Elles achètent des licences valables pour toute leur flotte, souvent sur une courte durée de 1 à 2 mois, renouvelables si besoin. Les tarifs varient :
- 500 euros pour un film ancien,
- 5 000 à 15 000 euros pour un film récent de moindre envergure,
- Jusqu’à 100 000 euros pour un blockbuster très attendu.
Les avions investissent ainsi massivement pour offrir un catalogue attractif, capable de rivaliser avec les plateformes de streaming. Emirates, par exemple, dépenserait 20 millions de dollars par an pour proposer une vidéothèque impressionnante de 1 300 films.
Une censure spécifique aux vols
Autre particularité : les films diffusés en avion sont souvent modifiés. Certaines scènes peuvent être censurées, notamment celles impliquant des crashs d’avion ou des contenus jugés inappropriés pour un public captif en vol. Ces ajustements sont réalisés sans consultation des réalisateurs, les compagnies aériennes ayant toute latitude pour modifier les contenus.
L’avenir du divertissement en vol
L’avion est l’un des derniers espaces où les films échappent encore aux règles strictes de la chronologie des médias. Toutefois, cette situation pourrait changer. Avec l’arrivée du Wi-Fi en vol et l’essor du streaming en local, certaines compagnies envisagent de supprimer les écrans intégrés aux sièges, au profit d’un accès à un catalogue en ligne via les appareils personnels des passagers.
En attendant, profitez-en : il se pourrait bien que votre prochain vol vous permette de voir un film inédit, sans attendre sa sortie en VOD ou en streaming !
