Pourquoi suis-je comme ça ? : ce que la science révèle sur les personnalités difficiles

On a tous ce moment un peu gênant où un ami nous colle une étiquette dans un groupe : le rigolo, le diplomate, l’organisateur… Moi, j’ai eu droit à “le râleur de service”. Sur le ton de la blague, certes, mais ça m’a fait tiquer. Et si cette tendance à critiquer ou relever les défauts des choses n’était pas juste un trait d’humour… mais une vraie composante de ma personnalité ? Curieux et légèrement inquiet, j’ai plongé dans les travaux de psychologie moderne pour comprendre : peut-on vraiment être “trop peu aimable” ? Et surtout, peut-on changer ?

Un test de personnalité et un coup à l’ego

J’ai passé ce qu’on appelle un test des “Big Five” – l’un des plus fiables selon les psychologues, car il repose sur cinq grands traits : l’ouverture d’esprit, la conscienciosité, l’extraversion, la stabilité émotionnelle et l’agréabilité. Le verdict n’a pas traîné : un score correct en ouverture, mais un maigre 33 sur 100 en agréabilité. Autrement dit, pas un monstre d’empathie.

Sur le papier, cela signifie que je suis moins enclin à éviter les conflits, à faire preuve de chaleur ou à jouer collectif. Dans la vraie vie ? Cela peut vouloir dire que je coupe la parole, que je critique le film préféré d’un ami sans filtre, ou que je pense “efficacité” avant “diplomatie”.

Peut-on changer sa personnalité ?

La réponse courte ? Oui… mais ce n’est pas une promenade de santé.

Des chercheurs en psychologie, notamment à l’Université de Zurich ou au sein de la revue scientifique Psychological Bulletin, confirment qu’il est possible de modifier certains traits de personnalité avec de la volonté et des efforts constants. Mais parmi tous, l’agréabilité est l’un des plus difficiles à faire évoluer, car elle est souvent ancrée dans des réflexes sociaux inconscients.

Cela dit, ce n’est pas impossible. Une journaliste américaine, qui avait une personnalité plutôt distante et indépendante, a décidé de tout changer après avoir voulu fonder une famille. Elle a testé des stratégies concrètes : cours d’improvisation, organisation de soirées, discussions avec des inconnus. Le début a été dur – imaginez un introverti dans une salle bondée – mais à force de répétition, ça a fini par devenir naturel. Pas facile, mais libérateur.

Travailler sur soi : mode d’emploi

Changer de comportement, ce n’est pas “se trahir” ou “jouer un rôle”. C’est plutôt apprendre à enrichir sa palette d’interactions. Et ça commence souvent par des petits ajustements :

  • Remplacer une critique spontanée par une question ouverte
  • Prendre le temps d’écouter sans vouloir réagir tout de suite
  • Être conscient de son impact émotionnel sur les autres

Personnellement, j’ai essayé un petit exercice : lors de mes dernières conversations, au lieu de dire ce que je pensais d’un film (souvent de manière un peu sèche), j’ai demandé aux autres ce qu’ils avaient aimé. Au début, ça sonnait faux. Puis, petit à petit, j’ai trouvé ça vraiment enrichissant. Moins fatiguant que prévu. Un peu comme si je troquais mes lunettes critiques contre des jumelles de curiosité.

Ce que la science nous dit vraiment

Selon des études publiées dans Personality and Social Psychology Review, les personnes plus agréables tendent à être plus heureuses, à entretenir de meilleures relations et à faire face au stress avec plus de résilience. À l’inverse, ceux qui obtiennent les scores les plus bas sur cette échelle… présentent parfois des traits associés aux troubles antisociaux.

Bon, je ne suis pas à zéro – ouf – mais disons que viser un petit 10% d’amélioration ne serait pas de trop. Et ce n’est pas qu’une question d’image : travailler son agrément peut avoir un impact direct sur sa qualité de vie, son bien-être émotionnel, et même sa santé mentale.

Rester soi… mais en mieux

Changer ne signifie pas renier sa personnalité. C’est plutôt comme ajuster le tir. Être critique peut être une qualité, tant qu’elle ne devient pas un bouclier. J’ai appris que je pouvais conserver mon œil analytique tout en ajoutant une couche de bienveillance. Un compliment par-ci, une écoute active par-là.

Une phrase m’accompagne désormais : “Accepte-toi tel que tu es, mais attends plus de toi-même.” Une sorte de boussole intérieure, qui m’aide à évoluer sans perdre le nord.

Alors, suis-je condamné à être “le râleur” ? Pas forcément. Peut-être juste un peu plus attentif. Et si je gagne en empathie, en connexion, ou en nuances dans mes relations… ce ne sera pas du théâtre. Ce sera du progrès. À petite dose. Mais bien réel.

Laisser un commentaire

Send this to a friend