Lancée en 2022, la série Severance, réalisée par Ben Stiller, a rapidement capté l’attention, s’imposant comme une réflexion moderne sur le monde du travail. Avec son concept fascinant où les employés peuvent séparer leur vie professionnelle de leur vie privée, la série nous plonge dans une dystopie qui, bien qu’extrême, trouve un écho dans les défis et paradoxes de notre quotidien au bureau. Et derrière cette idée originale se cache l’expérience personnelle de son créateur, Dan Erickson, qui a voulu explorer des aspects très réels de notre relation avec le travail et les entreprises.
Une dystopie qui résonne avec notre quotidien
Dan Erickson, le scénariste à l’origine de Severance, n’a pas inventé cette vision du monde de toutes pièces. L’idée lui est venue pendant qu’il traversait une période difficile, coincé dans un emploi de bureau déprimant. « C’est un peu la version amplifiée de ce que j’ai vécu dans le monde du travail », raconte-t-il. Il se souvient de l’absurdité de certaines situations et de la rigidité du langage managérial. En observant comment des termes creux étaient utilisés pour donner une illusion de profondeur philosophique dans l’entreprise, il a vu une opportunité de dénoncer ces pratiques à travers l’univers de Lumon, la société fictive de la série.
Erickson note que certaines pratiques décrites dans Severance ne sont pas aussi éloignées de la réalité qu’on pourrait le croire. Des entreprises utilisent encore aujourd’hui des discours similaires, qui peuvent paraître sincères, mais qui, au fond, semblent plus intéressés par la création d’un culte de la personnalité qu’à véritablement améliorer les conditions de travail. Une critique sociale déguisée en fiction.
L’influence de la science-fiction et du théâtre de l’absurde
Bien sûr, Erickson a aussi puisé son inspiration dans des œuvres de science-fiction et du théâtre de l’absurde. Parmi ses influences majeures, il cite le film Brazil de Terry Gilliam, un classique de la dystopie bureaucratique, ainsi que la pièce En attendant Godot de Beckett, qui explore la répétition absurde et l’attente sans fin. Mais ce qui rend Severance unique, c’est la manière dont Erickson a réussi à marier des éléments de cette fiction plus décalée avec une réflexion sur l’humain et l’impact du travail sur notre bien-être.
Ben Stiller et l’aspect humain de la série
C’est lors de sa rencontre avec Ben Stiller que le projet a pris son envol. Stiller a immédiatement vu le potentiel de la série, mais a insisté sur l’importance de garder l’humanité au cœur de l’histoire. « Il voulait que l’on ne perde pas de vue les personnages et leurs histoires », explique Erickson. Cette approche a permis de tempérer les aspects les plus surréalistes de l’intrigue, tout en les utilisant pour faire avancer le développement des personnages.
Le résultat est aujourd’hui une série qui explore le côté absurde du travail tout en mettant en lumière des dilemmes personnels profondément humains. Severance a reçu des critiques enthousiastes et a été saluée pour sa capacité à mêler réflexion sociale et exploration des thèmes psychologiques, le tout avec une touche de suspense et de science-fiction.
Le succès et l’avenir de Severance
Le succès de Severance n’a pas tardé : deux nominations aux Golden Globes, un public enthousiaste, et surtout, la promesse d’une deuxième saison. La série n’a pas seulement captivé les spectateurs par son côté intrigant, mais elle a aussi éveillé des réflexions profondes sur notre propre rapport au travail et à la société. Après tout, qui n’a jamais rêvé d’un bouton pour dissocier ses heures de travail de ses moments privés ?
Alors, alors que la première saison se termine et que les saisons suivantes se préparent, Severance nous invite à réfléchir sur un futur où le monde du travail pourrait bien prendre des tournures encore plus inattendues… Et peut-être que, de là à travailler de chez soi en toute tranquillité, il n’y a qu’un pas.
