TikTok, Instagram… Réfléchissez à deux fois avant d’être filmé en micro-trottoir !

Que ce soit pour débattre du sempiternel duel pain au chocolat vs chocolatine, tester ses connaissances en géographie ou partager ses critères de redflags en amour, il est impossible de passer à côté des micro-trottoirs en scrollant sur TikTok ou Instagram. Ces vidéos, tournées dans des lieux fréquentés comme le Forum des Halles à Paris, mettent en scène des passants qui répondent à des questions parfois légères, parfois plus provocantes.

Le phénomène a explosé ces dernières années, à tel point que des créateurs comme Loris Giuliano (plus d’un million d’abonnés) en ont fait leur spécialité. D’autres, comme Alexis Limouzin, utilisent ce format pour promouvoir des projets comme Nightpass, une application dédiée aux sorties nocturnes. « On s’est inspirés de ce qu’on voit déjà sur les réseaux, et on l’a adapté à notre concept », explique-t-il.

Un succès grâce à son authenticité

Pourquoi ces vidéos cartonnent-elles autant ? « Elles donnent l’impression d’un échange spontané et authentique », estime Alexis Limouzin. Contrairement aux vidéos ultra-produites, le micro-trottoir repose sur des réactions brutes et naturelles. Ce qui séduit également les créateurs de contenu, c’est sa simplicité de production : « En quatre heures de tournage, on peut monter deux vidéos d’une minute chacune », précise-t-il. Une efficacité redoutable qui explique pourquoi certains contenus dépassent facilement les 100 000 vues et que d’autres explosent jusqu’au million de vues.

Mais cette spontanéité peut aussi avoir un revers : se retrouver viral pour une mauvaise réponse ou un moment gênant n’est pas toujours une expérience agréable. Confondre le drapeau de la Belgique avec celui de l’Allemagne en direct devant des milliers d’internautes, ça peut vite devenir embarrassant…

Être filmé, un risque à ne pas négliger

Si certains participants assument totalement leur passage devant la caméra, d’autres réalisent après coup qu’ils auraient préféré ne pas apparaître en ligne. « Environ 30 % des personnes filmées demandent à ce que leur vidéo ne soit pas publiée », confie Alexis Limouzin. L’une des principales raisons ? La crainte d’être reconnu par un collègue ou un employeur.

Qu’en est-il du droit à l’image ?

En France, la législation sur le droit à l’image est claire : une personne filmée doit donner son consentement pour la diffusion de son image. Toutefois, comme l’explique Raphaël Molina, avocat spécialisé en droit du numérique, la situation peut être plus complexe : « Lorsqu’une personne répond volontairement à une caméra braquée sur elle, cela peut être considéré comme un consentement implicite ». Autrement dit, si vous acceptez de parler face à un micro et une caméra, il sera difficile de revenir en arrière.

Néanmoins, si la vidéo est montée de manière trompeuse ou qu’elle nuit gravement à l’image d’une personne, il existe des recours possibles. Pour éviter tout conflit, les créateurs de contenu peuvent faire signer des autorisations écrites, surtout lorsqu’une collaboration commerciale est impliquée.

Un autre point délicat concerne les vidéos tournées devant des discothèques. Filmer quelqu’un en état d’ébriété soulève un problème juridique, car un consentement donné sous l’influence de l’alcool pourrait être considéré comme non valable.

Un impact limité sur le travail

Et si jamais votre patron tombe sur une vidéo de vous en pleine réflexion sur la capitale du Kazakhstan ? Bonne nouvelle : votre emploi ne devrait pas être menacé. « À moins que la personne ne critique son entreprise ou que son contrat contienne une clause spécifique, cela relève de la vie privée », explique l’avocat. Au pire, vous risquez quelques moqueries à la machine à café.

En somme, participer à un micro-trottoir peut être une expérience amusante… tant qu’on en mesure les conséquences. Alors, avant de répondre à une caméra brandie au hasard dans la rue, mieux vaut se demander : suis-je prêt à voir cette vidéo circuler partout sur les réseaux ?

Laisser un commentaire

Send this to a friend