L’hiver et les voitures électriques semblent ne pas être les meilleurs amis. Si le froid peut affecter les performances de nombreuses technologies, qu’en est-il exactement pour nos précieuses batteries de voiture ? Après trois hivers passés à conduire une Tesla Model Y et plus de 60 000 kilomètres au compteur, il est temps de faire un bilan concret.
Le froid : un ennemi naturel de l’autonomie des voitures électriques
Ce n’est pas une surprise : les températures froides réduisent l’autonomie des voitures électriques. Il est souvent rapporté qu’en hiver, l’autonomie peut diminuer jusqu’à 25 % par rapport à des périodes plus tempérées. Si cela peut poser problème lors de longs trajets, dans la vie de tous les jours, on s’en sort généralement sans trop de tracas.
En revanche, ce froid a une incidence plus évidente sur le coût de la recharge : un froid plus intense signifie une consommation accrue, donc des recharges plus fréquentes. Dans cet article, nous allons explorer les impacts spécifiques du froid sur une voiture électrique, en prenant comme exemple notre Tesla Model Y et ses performances hivernales.
L’hiver rend-il vraiment les voitures électriques inutilisables ?
Il est facile de tomber dans le piège des anecdotes sensationnelles où les voitures électriques sont « bloquées » dès que les températures chutent sous zéro. Ces histoires sont souvent relayées sur les réseaux sociaux, comme celles des Tesla prises au piège dans un froid polaire à Chicago. Si ce genre de cas a fait le tour du monde, la réalité est bien moins dramatique.
Les conducteurs de voitures électriques s’en sortent plutôt bien en hiver. Cela dit, il est incontestable que le froid impacte la batterie, notamment sur deux points cruciaux : la charge rapide et la consommation.
Comment le froid affecte-t-il la charge rapide et la consommation ?
Le principal problème que pose le froid à une voiture électrique est lié à la charge rapide. En effet, pour protéger la batterie, le système limite la puissance de charge lorsque la température est trop basse. Par exemple, une batterie qui pourrait accepter une puissance de 200 kW à 25°C ne pourra peut-être en accepter que 50 kW si la température est inférieure à 10°C. Toutefois, cette limitation ne signifie pas qu’une voiture ne peut pas charger à une puissance réduite.
Dans des situations où la batterie est restée dans un froid extrême pendant un certain temps, comme un véhicule laissé dehors par des températures glaciales, la recharge peut être plus lente, car la batterie doit d’abord atteindre une température plus favorable. Cependant, après quelques heures de conduite, la batterie aura eu le temps de se réchauffer et la charge pourra se faire plus rapidement, même par temps froid.
Mais attention, tout cela a un coût en consommation d’énergie. En effet, la montée en température de la batterie nécessite de l’énergie, ce qui augmente la consommation pendant les premiers kilomètres du trajet.
Surconsommation hivernale : jusqu’à 50 % de plus
Pour mieux illustrer l’impact du froid, voyons quelques chiffres concrets tirés de l’expérience réelle avec notre Tesla Model Y. Depuis sa livraison, nous avons collecté des données détaillées, permettant de comparer les consommations et performances en hiver par rapport aux saisons plus chaudes.
Période | Distance parcourue | Température moyenne | Consommation moyenne brute |
Janvier 2023 | 2 656 km | 7,85 °C | 245 Wh/km |
Octobre 2023 | 2 325 km | 15,9 °C | 172 Wh/km |
Janvier 2024 | 3 066 km | 4,78 °C | 252 Wh/km |
Juillet 2024 | 2 793 km | 23,1 °C | 168 Wh/km |
Janvier 2025 | 1 470 km | 3,66 °C | 277 Wh/km |
Comme vous pouvez le voir, l’écart de consommation entre l’hiver et l’été est significatif. En janvier 2025, par exemple, la consommation brute a été de 61 % plus élevée par rapport à octobre 2023, avec une température moyenne de 3,7°C contre 15,9°C. Cela se traduit par une réduction de l’autonomie de 330 km à 205 km pour un plein de batterie.
Petits trajets, grand impact sur la consommation
L’impact de l’hiver n’est pas limité à la simple baisse de l’autonomie. Ce sont principalement les petits trajets quotidiens qui pèsent sur la consommation en hiver, à cause de la nécessité de pré-conditionner l’habitacle et la batterie avant de prendre la route.
Prenons l’exemple d’un trajet de 10 km en hiver :
- En été, la consommation est de 130 Wh/km, soit 1,3 kWh pour 10 km.
- En hiver, cette consommation grimpe à 180 Wh/km (une surconsommation de 38 %) et à cela s’ajoute 10 minutes de pré-conditionnement de la batterie et de l’habitacle, ce qui consomme environ 1,97 kWh, soit une surconsommation de 51 %.
Les longs trajets, où le véhicule a le temps de se réchauffer, ne sont donc pas les plus pénalisants. Le vrai coup dur vient des trajets courts où l’on préchauffe systématiquement.
Un impact réel sur votre facture énergétique
Avec la consommation accrue due à l’hiver, l’impact sur la facture d’électricité se fait sentir. Heureusement, pour ceux qui rechargent principalement la nuit et parcourent peu de kilomètres chaque jour, la différence ne sera pas spectaculaire. Mais pour les conducteurs qui utilisent régulièrement des bornes de recharge, l’hiver signifie plus d’énergie consommée et donc une facture plus élevée.
Voici un aperçu des coûts de recharge selon les différentes périodes et options tarifaires choisies :
Période | Consommation moyenne brute | Coût aux 100 km (Option Tempo) | Coût aux 100 km (Option heures creuses) | Coût aux 100 km (Option base) |
Janvier 2023 | 245 Wh/km | 3,19 € | 4,17 € | 4,90 € |
Octobre 2023 | 172 Wh/km | 2,24 € | 2,92 € | 3,44 € |
Janvier 2024 | 252 Wh/km | 3,28 € | 4,28 € | 5,04 € |
Juillet 2024 | 168 Wh/km | 2,18 € | 2,86 € | 3,36 € |
Janvier 2025 | 277 Wh/km | 3,60 € | 4,71 € | 5,54 € |
Le coût de recharge en hiver peut donc être jusqu’à 1,30 € de plus aux 100 km, selon le tarif choisi. Ce supplément reste relativement faible comparé aux coûts d’une voiture thermique, mais il n’est pas négligeable sur un mois de conduite quotidienne.
Conclusion : ne laissez pas l’hiver vous décourager
L’hiver affecte bien l’autonomie des voitures électriques, mais l’impact sur le quotidien est moins dramatique qu’on pourrait le penser. La clé est de bien comprendre comment le froid influe sur la consommation et la recharge. Bien que l’autonomie soit réduite, la Tesla Model Y et d’autres véhicules électriques restent tout à fait utilisables, même par temps froid. Et même si votre facture d’électricité augmente légèrement, une voiture électrique reste bien plus économique à l’usage que son équivalent thermique.