Dès la rentrée 2025, les élèves de quatrième et de seconde intégreront à leur programme des cours sur l’intelligence artificielle générative. L’objectif ? Leur fournir une compréhension critique et éthique de ces technologies omniprésentes. Le gouvernement, en pleine préparation d’un sommet dédié à l’intelligence artificielle, multiplie les annonces. Après la conclusion d’un accord de 50 milliards d’euros avec les Émirats arabes unis pour la construction d’un data center, l’Éducation nationale prend le virage de l’IA afin de préparer les jeunes aux enjeux de demain.
Un programme éducatif repensé autour de l’IA
Les élèves suivront un parcours Pix, un outil de certification numérique remplaçant le B2i. Ce cursus sera obligatoire pour les classes concernées mais restera accessible à tous les élèves du secondaire ainsi qu’aux enseignants.
Le programme abordera les biais des intelligences artificielles, leurs limitations et leur fonctionnement. Les cours commenceront par une évaluation des connaissances, suivie de modules courts, adaptés au niveau des élèves, d’une durée variant entre 30 minutes et 1 h 30. Les enseignants auront un rôle d’accompagnement, permettant une plus grande autonomie des élèves sur la plateforme.
Un volet spécifique sera consacré au prompting, c’est-à-dire la manière d’optimiser ses requêtes pour obtenir des réponses plus pertinentes. Plus une question est précise, plus la réponse fournie par l’IA sera adaptée. L’accent sera donc mis sur l’art de bien formuler ses demandes.
Une formation nécessaire à l’ère de l’IA générative
Pour la ministre de l’Éducation, l’intelligence artificielle constitue une transformation majeure des méthodes d’apprentissage. Tant pour les enseignants, qui peuvent l’exploiter pour préparer leurs cours, que pour les élèves, qui s’en servent pour réaliser leurs exercices, ces outils façonnent déjà le monde éducatif.
Selon les estimations, la quasi-totalité des lycéens et étudiants utilisent l’IA régulièrement, contre seulement 20 % des enseignants. Une charte d’utilisation de l’IA à l’école sera dévoilée au printemps, établissant des règles d’encadrement à la fois pédagogiques et administratives. Plutôt que de restreindre l’accès à ces technologies, l’idée est de les intégrer intelligemment dans le processus éducatif.
Les professeurs pourront s’appuyer sur l’IA pour concevoir leurs cours, tout en restant garants du contenu. En revanche, il leur sera interdit d’imposer aux élèves l’utilisation d’un service nécessitant un compte personnel sur une IA commerciale (ChatGPT, Gemini, etc.). De plus, aucun usage de données personnelles ne sera autorisé sur ces plateformes.
Des projets d’IA sur mesure pour l’Éducation nationale
Le gouvernement développe actuellement deux outils d’IA destinés aux besoins spécifiques de l’éducation :
- Une IA dédiée aux enseignants, conçue pour les aider à préparer leurs cours, évaluer les élèves et corriger les copies. Cette solution, financée par le plan France 2030 à hauteur de 20 millions d’euros, devrait être opérationnelle en 2026.
- Un outil d’IA pour l’administration scolaire, destiné à automatiser certaines tâches administratives et à permettre un suivi plus personnalisé des enseignants et du personnel éducatif. Baptisé Cassandre, ce programme est actuellement en phase de test dans l’académie de Lyon.
Un tournant prometteur, mais des interrogations persistantes
Si l’intégration de l’intelligence artificielle à l’école est perçue comme une avancée majeure, certains restent sceptiques face à l’expansion du numérique dans l’enseignement et à la redéfinition du rôle des professeurs.
Le syndicat SNES-FSU a notamment souligné des retards et des problèmes techniques dans l’implémentation des premiers outils, à l’image de MIA, une IA spécialisée dans l’apprentissage du français et des mathématiques.
Reste à voir si cette initiative marquera une véritable révolution pédagogique ou si elle s’avérera être une mode passagère. Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : l’éducation de demain sera profondément transformée par l’intelligence artificielle.