L’intelligence artificielle, notamment à travers des outils comme ChatGPT, s’invite de plus en plus dans les pratiques pédagogiques. Si elle offre des avantages indéniables, elle soulève également des questions cruciales, notamment en matière d’éthique et de transparence. Un incident récent à la Northeastern University de Boston a mis en lumière les tensions créées par l’utilisation de l’IA dans l’enseignement.
Un professeur utilise ChatGPT et se retrouve au cœur d’une polémique
Dans une histoire révélatrice, Ella Stapleton, une étudiante en dernière année à la Northeastern University, a découvert que son professeur de commerce utilisait ChatGPT pour générer des notes de cours. L’IA, en plus de produire des textes parfois truffés de fautes, avait même laissé une instruction laissée par erreur : « Développer tous les domaines. Être plus précis et détaillé ». Cette découverte l’a poussée à porter plainte auprès de son école de commerce. « Il nous dit de ne pas l’utiliser, et ensuite il l’utilise lui-même », a-t-elle déclaré, exaspérée par ce manque de transparence.
Accompagnant sa plainte d’une demande de remboursement de ses frais de scolarité pour un montant de 8 000 dollars, Ella n’a pas obtenu satisfaction. L’Université a expliqué que l’utilisation de l’IA faisait désormais partie de sa politique éducative, et a souligné que des ressources étaient mises à disposition pour une utilisation responsable de ces outils.
Une réflexion sur l’éthique de l’IA dans l’éducation
Ce cas met en lumière un problème plus vaste : celui de l’utilisation de l’IA dans un cadre éducatif. Si certains professeurs, comme Rick Arrowood, le professeur incriminé, affirment que l’IA permet d’enrichir les supports de cours et de faciliter le processus d’enseignement, d’autres s’inquiètent des dérives possibles. « L’utilisation de ChatGPT ne doit pas remplacer un enseignant dans la gestion des émotions ou des situations complexes », soulignent des experts.
D’un autre côté, l’utilisation de l’IA pour la correction de copies ou pour aider à la préparation des cours devient de plus en plus courante. Mais les questions d’éthique se posent : faut-il vraiment laisser une machine décider d’une évaluation ou est-ce un terrain miné pour l’objectivité et l’équité ?
La situation en France : prudence et encadrement nécessaires
Bien que le cas de Northeastern University ait attiré l’attention, la situation n’est pas aussi médiatisée en France. Cependant, le débat sur l’utilisation de l’IA par les enseignants, notamment pour l’évaluation, est très présent. Une étude menée en 2023 a révélé qu’une majorité d’enseignants et d’étudiants est contre une interdiction totale de l’IA, mais qu’il y a un consensus sur la nécessité de réguler son usage dans le cadre pédagogique.
Le ministère de l’Éducation Nationale et de l’Enseignement Supérieur a donc lancé plusieurs initiatives pour encadrer l’utilisation de l’IA. Parmi ces initiatives, une consultation nationale visant à définir une charte sur l’usage de l’IA en éducation, avec un focus particulier sur les pratiques pédagogiques et administratives. Par ailleurs, des investissements dans l’IA souveraine sont prévus pour soutenir les enseignants dans la préparation de leurs cours.
Un encadrement européen pour une utilisation éthique de l’IA
À l’échelle européenne, l’IA Act vise à encadrer l’usage de l’intelligence artificielle dans divers domaines, y compris l’éducation. Ce règlement européen insiste sur des règles strictes de transparence des algorithmes et la qualité des données utilisées. Il exige également un contrôle humain des évaluations et des examens, un aspect particulièrement crucial dans le cadre éducatif.
Certaines écoles, comme la NEOMA Business School, prennent déjà les devants en autorisant l’utilisation de l’IA pour leurs étudiants, à condition que celle-ci soit déclarée explicitement. Cette approche est fondée sur un principe clé : la transparence.
Conclusion : préserver l’essence de la pédagogie tout en s’adaptant aux nouvelles technologies
L’intelligence artificielle est une technologie prometteuse, mais son usage dans l’éducation soulève des questions essentielles. Au-delà des avantages évidents qu’elle procure en termes de gain de temps et de personnalisation des apprentissages, l’IA doit être utilisée avec prudence et responsabilité. L’objectif est de garantir une éducation équitable tout en protégeant les valeurs fondamentales de l’enseignement. Il est crucial que les enseignants, les élèves, et les parents soient formés à l’utilisation critique de l’IA pour qu’elle devienne un allié et non un obstacle à la pédagogie.