Test de la MemUp SlidePad 3D

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Dans le monde des tablettes, le segment de l’entrée de gamme n’est plus ce qu’il était. Avec l’arrivé des plus grands constructeurs, il est devenu hyper compétitif. Pour se différencier, Memup fait le choix de la 3D stéréoscopique, une bonne idée ?

Sommaire

Souvenez-vous : 2009, la sortie d’Avatar, la déferlante des écrans stéréoscopiques mal mis en valeur dans les Fnac de France et de Navarre. La 3D c’était la révolution technologique, le futur. Et aujourd’hui, en direct du futur, il semblerait que plus ou moins tous les constructeurs aient enterré l’affaire. La définition des écrans explose, mais ils restent tout ce qu’il y a de plus 2D. Pourtant, moi j’aime bien la 3D. C’est vrai, je fais partie de ces (rares ?) joueurs 3DS qui gardent toujours le relief à fond. J’ai eu un notebook Acer 5738 avec un écran 15″ 3D  passive. Et quand je vais au ciné j’aime bien voir mes blockbusters en 3D en général. C’est vous dire si j’étais un bon public pour cette tablette Memup SlidePad 3D. J’avais envie de l’aimer, comme j’aime bien ma 3DS. D’autant qu’elles utilisent plus ou moins la même technologie. Mais avant tout, la SlidePad est une tablette, est-ce une bonne tablette ? Quoi qu’il en soit, je remercie MemUp pour le prêt de la machine.

I’ve seen the FUTURE !

Caractéristiques

La SlidePad 3D est une tablette d’entrée de gamme dont voici les caractéristiques annoncées sur la boite :

  • SoC Amlogic MX8726. CPU double cœur Cortex A9 1,5 Ghz + GPU Mali 400
  • 1 Go de RAM et 8 Go de stockage
  • Android 4.1
  • Ecran 8,1 pouces 1280 x 800 pixels LVDS TFT 3D Auto stéréoscopique
  • Slot micro SD, USB 2.0, sortie mini-HDMI, prise casque.
  • Wifi n, Bluetooth 2.1
  • Camera 0,3 MPixel (frontale) et 2MPixels (dorsale)
  • Batterie 5000 mAh
  • 510 g

Le tout proposé à 279,90€ sur le site de Memup. Est-ce que comme moi vous commencez déjà à sentir le roussi ? Est-ce la peine de préciser que la Nexus 7 (2013) est disponible à 229€ ? Ou que la MeMoPad HD d’Asus coûte environ 130€ ?

Or, la SlidePad nous offre un processeur et un GPU qui ne sont pas de la toute première jeunesse. Deux cœurs cortex A9, ce n’est pas très impressionnant. Même la Nexus 7 de l’année dernière offrait un Tegra 3, nettement plus musclé. Quant à l’écran, il est loin d’être « retina ». D’ailleurs, j’avoue que je ne sais pas trop ce que Memup entend par TFT « LVDS », puisqu’il s’agit à ma connaissance d’un type de connectique interne… pas sûr que ça vous intéresse à moins que vous envisagiez de démonter votre machine. J’aurais préféré lire « IPS » TFT, qui aurait mieux auguré de la qualité de l’image, on verra que mes craintes se révèlent fondées.

Pour finir, 8 Go de stockage, c’est bien maigre (la Nexus 7 en propose 16 Go) et Android 4.1, c’est presque impoli alors qu’Android 4.4 est disponible !

 Packaging et prise en main

Le Packaging de la SlidePad est assez standard. Dans la boite toute verte, vous trouverez la tablette, un adaptateur secteur, des adaptateurs USB et un petit chiffon micro fibre. Rien d’inhabituel donc.

La tablette est agréable à prendre en main, tout en plastique, son dos est doux au toucher et son aspect général est plutôt bien fini. La machine paraît robuste. Un aspect renforcé par une épaisseur relativement importante et un poids de 514 g sur ma fidèle balance de cuisine. Rien de honteux pour du 8,1 pouces, mais on est loin de l’iPad mini et des ses 331g ou de la Nexus 7 et ses 290 g…

Elle arbore une caméra dorsale de 2.0 Mpixel qui, réglons-lui son compte tout de suite, prend des clichés très moches, comme en témoigne la photo ci-dessous. Ne soyons pas trop sévère, les bons appareils photo sont bien rares sur tablettes. Néanmoins, on déplore aussi qu’elle soit incapable de faire des photos 3D, c’est dommage pour une tablette 3D. Même la 3DS, qui de l’avis général possède un appareil photo calamiteux, permet au moins de prendre des clichés en relief…

Mes plantes ne sont vraiment pas bien mises en valeur...
Mes plantes ne sont vraiment pas bien mises en valeur…

La caméra frontale est ni plus ni moins qu’une webcam VGA. Les boutons et les connecteurs sont signalés par de petits icônes blanc clair et bienvenus. La tablette accepte les cartes micro SD jusqu’à 32 Go, ce qui avec 8 Go d’espace disponibles est très appréciable. La sortie micro-HDMI peut aussi s’avérer fort utile, un bon point. L’adaptateur secteur est plutôt compact et la tablette se recharge également par USB.

Allumage

Le grand moment est arrivé, celui de l’allumage, on va enfin pouvoir tester cet écran. Car comme on l’a vu, on craint qu’il n’y ait guère que la 3D pour sauver la SlidePad. Dès les premières secondes, on se retrouve face à l’écran en mode « 2D », le mode dans lequel vous allez vous retrouver l’immense majorité du temps. La SlidePad fonctionne en effet sur une version peu modifiée d’Android 4.1 et il n’est pas question d’écrire des mails ou de surfer en relief, la tablette s’utilise comme n’importe quelle autre, hormis dans quelques applications spécifiques que nous détaillerons plus tard.

Or, en 2D, l’écran déçoit. Couleurs légèrement délavées, contraste insuffisant, sans parler de la résolution. Même sans la comparer aux Nexus 7 2013, iPad mini retina ou Kindle HDX,  la SlidePad fait pâle figure face à une Nexus 7 2012 qui utilise une résolution très voisine. Il semblerait bien que l’écran ne soit même pas IPS, alors que la concurrence a propose presque systématiquement cette technologie. Même si la luminosité est satisfaisante, le contraste et les couleurs en berne ne font donc rien pour compenser une résolution bien faiblarde (surtout sur 8, 1 pouces) en cette fin 2013.

Comparaison avec la Nexus 7 (2012)
Comparaison de taille avec la Nexus 7 (2012)

La 3D ! La 3D !

Bon. Mais en 3D ? Car c’est bien son argument de vente non ? La SlidePad 3D est en effet « auto-stéréoscopique », ce qui n’est pas banal, mais pas non plus exceptionnels, des Smartphones (LG et HTC) ont aussi proposé cette caractéristique.

Le principe de la barrière de parallaxe

L’effet de relief en question ne nécessite pas de lunette et c’est tant mieux. Il utilise d’ailleurs sans aucun doute un système de « barrière parallaxe ». Rappelons que pour percevoir le relief, il faut que chacun de vos deux yeux reçoive une image légèrement différente, reproduisant le décalage induit par leurs points de vue décalés. Il faut donc afficher deux images 2D simultanément pour une seule image en 3D. Pour cela, l’écran de la tablette dispose d’une « barrière », qui peut être désactivée, devant sa matrice de 1280 x 800 pixels. Si la barrière est ouverte, l’écran affiche simplement l’image en 2D en pleine résolution. Si la barrière est « fermée », chaque œil va percevoir seulement une colonne sur deux. Disons que les lignes paires iront à l’œil gauche et les lignes impaires à l’œil droit. En entrelaçant les deux images, l’écran est ainsi capable d’envoyer 640 x 800 pixels à chacun de vos yeux et ainsi de restituer une image en relief dont la résolution effective est aussi de 640 x 800 pixels. On voit déjà une limitation de la technologie, on perd en résolution, donc en qualité d’image, ce que l’on gagne en relief.

Nexus 7, SlidePad, iPad 3 de gauche à droite
Nexus 7, SlidePad, iPad 3 de gauche à droite

Mais ce n’est pas tout. « Parallaxe » est un mot compliqué qui signifie juste que quand vous vous déplacez, ce qui est proche de vous semble bouger plus vite que ce qui est loin.  Pas bien compliqué, cela explique que la technologie de la « barrière parallaxe » est très sensible à votre position. En fait, il n’y en a qu’une seule, bien en face de l’écran, qui vous permette de voir correctement le relief. Pas question de partager un film en 3D avec un ami, ou de remuer, même légèrement, la tablette pendant un visionnage en 3D. Selon les implémentations, ces défauts sont plus ou moins prononcés. La 3DS, et en particulier la 3DS XL n’échappent pas à ces problèmes, mais ils sont à peu près tolérables. D’autant que les logiciels sur la portable de Nintendo sont optimisés pour l’écran spécifique de la machine. Un écran 3D est plus compliqué à exploiter qu’un écran 2D et la source vidéo comme le logiciel doivent être bien adaptés.

Sur la SlidePad, il y a quatre applications qui exploitent son écran 3D : Tridef 3D Games, Bl3DPlayer, BlPictures et Yabazam 3D. Respectivement, ils permettent de jouer en 3D, de regarder des vidéo, de regarder des photos et de streamer des clips 3D. Alléchant…

Affichage de Screenshot_2013-11-16-21-20-16.png
Les applications préinstallées.

Commençons doucement par les photos 3D. BlPictures est un logiciel tout ce qu’il y a de plus simple qui affiche des clichés codés en JPG SBS (Side by Side). Il y a quelques photos de démo dans la tablette et l’effet va de « pas mal » à « au secours mes yeux saignent ». Un réglage permet heureusement d’améliorer parfois le rendu. La vidéo ensuite ? Dans Bl3DPlayer, une seule vidéo de démo, un film d’animation, nous permet de nous faire une idée. Le rendu y est d’ailleurs très correct, c’est honnêtement ce que j’ai vu de plus convaincant sur la machine. Reste la question de comment se procurer d’autres vidéos, car aucun magasin en ligne n’est rattaché à ce player. On est complètement livré à nous même pour le plus difficile : trouver de la bonne vidéo 3D à visionner.

Logique qu’on se jette ensuite sur Yabazam ! Sauf que ce dernier a été incapable de m’afficher une vidéo correctement. Toutes ont été bizarrement décalées et offrirent un rendu affreux, comme s’il elles n’étaient pas adaptées à la résolution de la tablette. C’est assez incompréhensible, vu que Memup mentionne Yabazam sur sa page de présentation !

Déception… mais on a gardé le meilleur pour la fin se dit-on alors : les jeux vidéos ! Car étant déjà en 3D, ils sont une source inépuisable de vidéos relief. Le problème, c’est que comme en témoigne la capture d’écran ci-dessous, il n’y a en tout et pour tout que 10 jeux compatibles 3D.

Dix jeux compatibles, c'est peu...
Dix jeux compatibles, c’est peu…

Dix… dont Angry Birds et Bad Piggies… deux jeux en 2D. On ne s’offusquera pas non plus de la qualité parfois douteuse des titres proposés et on lancera avidement un Dead Trigger, un Cordy ou un Blood and Glory. C’est d’ailleurs ce dernier qui s’en sort de le mieux, les deux autres souffrant d’un ghosting omniprésent et du manque de stabilité du relief (aussi, difficile de ne pas bouger la tablette quand on joue en tactile). Verdict : c’est globalement mauvais. L’image est dégradée, on s’y attendait, mais le relief est de mauvaise qualité. Peu stable, peu « profond », les jeux sont « compatibles » mais absolument pas optimisés pour l’écran 3D. C’est clair, si vous voulez jouer en 3D, achetez-vous une 3DS, elle s’en sort très largement mieux en la matière.

Bon, voilà, je suis refroidi. Je n’’en suis qu’à la moitié du test et j’ai l’impression que c’est déjà fini. Quel usage pour cette tablette si son principal « atout » n’est pas convaincant ?

Usage

Que vous dire de plus ? Que son processeur Amlogic donne une réactivité correcte, mais sans plus, en deçà d’une Nexus 7 de 2012 ? Vous vous en doutiez. Que son GPU Mali 400 est suffisant pour du casual mais un peu court pour jouer à des jeux 3D plus lourd ? Que j’ai vu Dead Trigger plus fluide et que Real Racing 3 saccade jusqu’à l’injouable ? Pas de surprise là non plus. On trouvera quelques benchmarks dans le tableau suivant. Néanmoins, comme je suis gentil (si si !) je donne la Nexus version 2012 comme point de repère (celle qui se trouve pour moins de 180€, moi je dis ça je dis rien…)

Benchmark

SlidePad 3D

Nexus 7 (2012)

Antutu

13233

13617

Quadrant

3315

3584

Sunspider

1571

789

BrowserMark

1081

1871

3D Mark

2032

3513

La tablette se comporte étonnamment bien avec Antutu et Quadrant. Étonnant car les 3 autres tests marquent un écart significatif (entre 1,7x et 2x) en faveur de la Nexus 2012. Globalement, les tests confirment assez bien le ressenti, la tablette manque de punch.

La MemUp embarque tout de même de série quelques applications sympas : Opera, Norton Mobile Security, ES Explorer, Kingsoft Office, Briefme et Shazam, en plus des applications « 3D ».

Pas sûr que ce soit suffisant, il aurait été largement préférable d’intégrer une version plus récente de l’OS qui aurait contribué à dynamiser la machine. En somme, la seule application vraiment unique que je vois à cette tablette, c’est le transfert de films Bluray 3D pour pouvoir les regarder en relief en mobilité. Pour cela, outre des Bluray 3D et certainement une grosse carte SD, il faudra vous procurer un logiciel pour convertir la vidéo en H264 (MP4 et MKV ont fonctionnés) 720p SBS (Side by Side). J’en profite d’ailleurs pour signaler un curieux bug concernant la connexion USB. J’aime bien voir écrit sur une boite « High Speed USB 2.0» quand le transfert de 30 Mo via cette interface prend plusieurs minutes et plante 4 fois sur 5. Je ne sais pas s’il s’agit de mon exemplaire, mais la connexion USB y a été cauchemardesque. Du coup, je me vois mal transférer un film de 4 Go par ce biais. Il reste bien le transfert via un disque réseau, mais c’est tout de même …étrange.

Et l’autonomie dans tout ça ? Je vous ai dit que la tablette pesait 510 g ? On pourrait s’attendre à une grosse batterie alors… mais non. Remarquez, l’autonomie annoncée est de 4 h, en lecture vidéo ou surf internet, on ne nous prend pas en traître. On va tout de même lui faire lui faire subir le test maison habituel, une vidéo HD 1080p en boucle luminosité max et wifi activé (mais sans son) jusqu’à ce que mort s’en suive. La tablette a finalement dépassé les attentes en durant presque 5 h à ce régime (4h50). En usage plus modeste, une autonomie entre 5h et 6h maximum est envisageable. C’est à peine correct car la concurrence affiche entre 7 et 10 h.

Sinon la sensibilité Wifi est plutôt bonne, comparable à celle d’un iPad. Le son fourni par les haut parleur n’est ni meilleur ni pire que sur bien d’autres tablettes, elle fait même presque mieux que la Nexus 7 à ce niveau. Avec des écouteurs, le son est bon, sans souffle perceptible.

Conclusion Memup Slidepad 3D

Noté par Tablette-Tactile.net: 1.0 étoiles
****

Soyons honnêtes, si la SlidePad 3D était sortie fin 2011, on vous l’aurait sans doute conseillée. La 3D est assez gadget, mais le reste était au niveau il y a deux ans. Fin 2012, c’était déjà plus problématique, mais fin 2013, ce n’est carrément pas possible. À 279€ qu’acheter d’autre ? Facile : une Nexus 7 (2013), sa housse et un sandwich aux frites.

La note (de base) vous paraîtra sévère, mais elle est modulable, c’est moderne ! Vous pouvez rajouter:

  • 1,5 étoile si vous êtes un fan hardcore de Bluray 3D et que vous êtes prêt à tout pour en regarder dans le TGV.
  • 1 étoile par tranche de 50 € en moins sur le prix.

le 0 2384
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