L’Internet d’hier, celui où les contenus étaient principalement créés par des humains, est-il en train de mourir ? Une théorie, de plus en plus populaire, semble répondre par l’affirmative. Cette théorie, surnommée la « Dead Internet Theory », suggère que l’IA est en train de prendre le contrôle de la majorité du contenu en ligne, et ce phénomène pourrait s’intensifier d’ici 2026.
L’Internet « mort » et la montée des bots
Si vous avez déjà été confronté à des messages automatisés, des spams ou des images générées par IA envahissant votre fil d’actualités, vous pouvez commencer à voir ce qui pourrait bien se dessiner pour l’avenir. Selon un rapport d’Imperva, une entreprise de cybersécurité, plus de la moitié du trafic internet proviendrait déjà des bots. Autrement dit, les humains se retrouvent progressivement en minorité dans les interactions en ligne. Ce constat pousse certains experts à affirmer que l’Internet que nous avons connu, avec des contenus créés par de vrais individus, est en train de disparaître.
Les IA génératives : Un tournant décisif
La véritable révolution a eu lieu fin 2022 avec l’arrivée des IA génératives comme ChatGPT. Ces technologies permettent de créer des textes, des images, voire des vidéos de manière automatisée, et avec une qualité de plus en plus proche de celle produite par des humains. En quelques mois, des outils comme Midjourney ou des influenceurs virtuels ont vu le jour. Mais selon Jake Renzella, enseignant en sciences informatiques, même avant l’ère des IA génératives, Internet était déjà sur cette pente descendante.
« Les IA génératives ne sont que l’outil qui permet de décupler la production de contenu automatisé, rendant presque impossible de distinguer un message authentique d’un contenu créé par une machine », explique Renzella. Les bots sont désormais capables de répéter des messages en apparence uniques, mais qui véhiculent en réalité des idées ou des opinions préfabriquées. L’IA permet de propager ces idées plus subtilement, rendant leur détection beaucoup plus difficile.
L’appât du gain et la prolifération de la propagande
Dans ce contexte, l’Internet est de plus en plus conçu pour maximiser l’engagement, les clics et les achats, plutôt que d’être un outil de divertissement ou d’information. Ce changement a donné naissance à des stratégies de propagande numérique qui saturent les plateformes, comme celles utilisées par certains gouvernements, et qui ont pour objectif de semer la discorde et manipuler l’opinion publique.
L’essor des IA génératives, couplé à la recherche de profits sur Internet, a créé un terrain propice à l’extension de ces techniques. Les entreprises et les groupes de pression peuvent maintenant générer des milliers de messages de manière instantanée, avec des conséquences bien plus difficiles à contrôler que celles que nous connaissions auparavant.
La fin de l’Internet « humain » ?
La Dead Internet Theory nous prévient que, d’ici 2026, jusqu’à 90 % du contenu en ligne pourrait être généré par des machines. Face à cela, il est essentiel de remettre en question ce que nous voyons et lisons sur Internet. Ne plus présumer que derrière chaque message se cache un être humain semble devenir la norme.
Une alternative : des espaces plus privés et sécurisés
Face à cette évolution, certains experts estiment qu’une solution pourrait résider dans une réorientation vers des réseaux sociaux plus privés et sécurisés, comme Discord, qui échappent encore à la prolifération des bots. Ces espaces pourraient devenir des refuges où les interactions humaines reprendraient le dessus, loin de la domination de l’IA. Mais pour combien de temps encore ?
