Dans un univers où les images se multiplient et circulent à une vitesse folle sur les réseaux sociaux, certaines parviennent à se démarquer par leur caractère à la fois intrigant et, parfois, déroutant. C’est précisément le cas de l’image devenue virale d’un cheval géant fabriqué à partir de pain, baptisé « Challah Horse ». Ce cliché, à première vue, pourrait sembler tout à fait normal. Mais en creusant un peu plus, on découvre qu’il ne s’agit en fait que d’un montage généré par l’intelligence artificielle (IA), créant ainsi une réflexion sur la manière dont ces contenus sont utilisés, manipulés, et… détournés.
Un piège à seniors : l’IA au service des escrocs
Derrière cette image, qui a suscité plus de 3 millions de likes sur Facebook, se cache un phénomène de plus en plus courant : les « boomer traps » ou pièges à seniors. Ces arnaques visent principalement les personnes âgées et utilisent des contenus visuellement frappants pour les tromper. L’objectif ? Manipuler l’émotion, susciter l’empathie ou l’émerveillement, afin de les inciter à liker, commenter ou partager la publication. Une fois ce partage effectué, les escrocs récupèrent de la visibilité, génèrent du trafic et peuvent ensuite rediriger les victimes vers des sites contenant des publicités mensongères ou des arnaques directement destinées à leur portefeuille.
La page « Faithful », à l’origine du post viral, publie régulièrement des images similaires, souvent spectaculaires mais complètement irréalistes. Ces photos, comme celle de l’artisan devant son cheval de pain, sont en réalité des créations de l’IA, et chacune d’elles génère une quantité phénoménale de likes. Mais derrière ces clics se cachent des stratégies de manipulation qui exploitent la crédulité des internautes.
Une mise en garde détournée : quand la satire devient réalité
À l’origine, cependant, cette image ne visait pas à tromper, mais à alerter. Un média polonais avait partagé l’image du cheval en pain pour dénoncer les dangers de ce genre d’escroqueries. Leur intention était de faire une blague, une satire de la prolifération des contenus générés par IA et de leur utilisation dans les arnaques sur les réseaux sociaux. Mais en dépit de leur intention humoristique, l’image a rapidement pris une ampleur inattendue, recueillant plus d’un million de vues.
Ce qui est frappant ici, c’est que, malgré les alertes visibles dans certains commentaires (mentionnant que l’image était une création numérique), la majorité des internautes ont continué à féliciter le travail de la fausse boulangère. Une simple image de pain a ainsi réussi à capter l’attention de millions de personnes, amenant à une réflexion profonde sur la credulité des utilisateurs sur Internet.
L’IA au cœur d’une bataille numérique
Ce phénomène n’est pas isolé. Après que le « Challah Horse » ait fait le tour des réseaux sociaux, des marques comme Burger King et Ikea ont également surfé sur la vague virale en créant des montages tout aussi absurdes, mais cette fois dans un but publicitaire. Burger King a, par exemple, publié un montage d’un swan géant en burger. Ikea, quant à elle, a mis en ligne une fausse annonce pour un fauteuil… fait en brioche.
Si ces entreprises ont bien compris comment exploiter l’humour et la viralité, elles rappellent surtout que les images générées par IA ont un pouvoir massif de manipulation. Le public est de plus en plus exposé à ce genre de contenus, qui sont parfois utilisés à des fins innocentes, mais souvent dans des objectifs bien plus sombres.
Conclusion : attention à l’illusion
Ce genre de phénomène pose une question importante sur la manière dont nous consommons l’information aujourd’hui. L’intelligence artificielle a permis à des escrocs de manipuler des images à des fins financières, mais elle a aussi montré combien il est facile de créer des illusions visuelles qui, malgré leur caractère artificiel, parviennent à tromper une large part du public.
Pour éviter de tomber dans ces pièges numériques, il est essentiel d’apprendre à être plus critique vis-à-vis des contenus que nous rencontrons sur les réseaux sociaux. Demandez-vous toujours : est-ce trop beau pour être vrai ? Si la réponse est oui, il est peut-être temps de se poser les bonnes questions avant de cliquer.