Voici pourquoi les États-Unis pourraient perdre leur capacité à envoyer des astronautes sur la Lune

Les États-Unis sont souvent perçus comme les leaders incontestés de l’exploration spatiale, mais le projet Artemis pourrait bien leur réserver quelques déconvenues. En effet, alors que l’ambition est grande, des obstacles considérables se dressent sur le chemin du retour sur la Lune.

Artemis : un programme ambitieux mais très complexe

Depuis l’annulation de la mission Mars Sample Return et l’appel à l’aide du secteur privé pour récupérer les échantillons du rover Perseverance, la NASA essuie de nombreuses critiques sur le programme Artemis. Celui-ci vise à renvoyer des astronautes sur la Lune et à y établir une station habitée. Des voix influentes, comme celles de Maciej Cegłowski, propriétaire de Pinboard, ou de Destin Sandlin, créateur de la chaîne YouTube Smarter Every Day, estiment que les missions Apollo étaient nettement plus simples.

La mission Artemis III, prévue pour septembre 2026, doit marquer le retour des astronautes américains sur la Lune, près de 55 ans après Apollo 17 en 1972. Pour la première fois, une femme devrait fouler la surface lunaire. Mais les étapes de la mission, à la fois ambitieuses et complexes, suscitent de nombreux doutes. Le projet comprend plusieurs phases : un lancement de quatre astronautes à bord du Space Launch System (SLS), un voyage dans la capsule Orion jusqu’à une orbite NRHO (Near-Rectilinear Halo Orbit) autour de la Lune pour économiser du carburant, et un transfert de deux astronautes dans la Starship de SpaceX pour alunir. Cette opération demande au moins dix lancements préalables pour ravitailler la Starship en orbite terrestre.

Après leur séjour sur la Lune, les deux astronautes devraient retourner dans la capsule Orion pour rentrer sur Terre avec leurs coéquipiers. Cependant, tout repose sur le succès de la Starship, sans aucune véritable alternative prévue. Même Elon Musk, PDG de SpaceX, a émis des doutes quant à la capacité de l’entreprise à remplir ces objectifs d’ici 2026. La NASA envisage d’ailleurs déjà de convertir Artemis III en une mission sans alunissage ou de tester l’amarrage entre Orion et Starship en orbite terrestre.

Des engins et stratégies loin d’être optimaux

Le programme Artemis est parfois qualifié de « Frankenstein » en raison de son assemblage de technologies hétéroclites. Le lanceur SLS, hérité du programme Constellation annulé, réutilise des composants qui s’avèrent coûteux : le développement a coûté environ 17 milliards de dollars, avec chaque lancement avoisinant les 4,1 milliards de dollars.

La capsule Orion, également issue du programme Constellation, a été conçue pour six astronautes, la rendant imposante et plus lourde que nécessaire pour cette mission. Le module de service est basé sur l’ATV européen, développé par l’Agence Spatiale Européenne. Quant à l’orbite NRHO, choisie pour économiser du carburant, elle présente des défis supplémentaires, avec des risques et des délais accrus.

Concernant la Starship de SpaceX, bien qu’elle soit en plein développement, elle a été initialement conçue pour des missions vers Mars, transportant de lourdes charges. Cela la rend disproportionnée pour une mission lunaire, où les astronautes devront descendre un ascenseur de 40 mètres pour atteindre la surface, compliquant ainsi le retour en orbite.

Des chercheurs de la NASA ont même proposé d’apporter une petite capsule supplémentaire à bord de la Starship pour revenir en orbite, laissant la Starship sur place. Mais ces solutions improvisées ne parviennent pas à dissiper les doutes, surtout face à la progression de la Chine.

La Chine, une alternative pragmatique

Le programme spatial chinois prévoit d’envoyer des astronautes sur la Lune d’ici 2030, avec une approche beaucoup plus pragmatique et moins coûteuse. Leur stratégie repose sur deux lancements de fusées CZ-10 pour transporter des petites capsules. La capsule Mengzhou devrait emmener trois astronautes en orbite lunaire, tandis que la capsule Lanyue permettra à deux d’entre eux de descendre sur la Lune avant de revenir à Mengzhou, qui les ramènera sur Terre. Cette approche semble plus simple, à la fois en termes de logistique et de coûts.

Face à ces évolutions, il est clair que les États-Unis ne peuvent se reposer sur leurs acquis. Le programme Artemis, bien que très ambitieux, doit surmonter de nombreux obstacles techniques et financiers. Alors, qui sera le prochain à planter son drapeau sur la Lune ? Le défi est lancé.

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