Les microprocesseurs évoluent à une vitesse incroyable, c’est un fait. À tel point qu’on oublie parfois que toutes les autres technologies intégrées à nos appareils ont aussi bénéficié d’avancées vertigineuses. Parmi elles, les écrans ont fait des bonds spectaculaires ces dernières années.
Un Apple NewtonLes images parfaites, sans pixels apparents, au contraste irréprochable et aux couleurs vives nous paraissent être la norme. On s’habitue si vite au confort qu’ils procurent que chaque regard en arrière est un véritable choc. Qu’il est difficile d’imaginer aujourd’hui que les premiers appareils nomades avaient des écrans noir et blanc tout juste plus évolués que ceux des calculatrices . Il serait même vain de comparer les valeurs de contraste et de réactivité d’un antique Newton face à n’importe quelle tablette actuelle.
D’ailleurs à quel point les écrans actuels sont-ils bons ? Et quels sont les meilleurs ? Une étude quantitative plutôt sérieuse effectuée par DisplayMate nous apporte une réponse partielle en comparant dans les détails les écrans du Kindle Fire HDX, de l’iPad Air et de la Nexus 10 (2012).
La réponse est en substance que ces écrans sont tous incroyablement bons ! Le meilleur est sans doute celui du Kindle Fire HDX suivi de peu par l’iPad Air. Les écrans de ces deux tablettes sont tellement excellents qu’ils sont à rien d’avoir toutes les qualités d’un moniteur de studio professionnel. Quant à l’écran de la Nexus 10… il est juste très bon.
Résolution et Technologies
Il faut dire que d’emblée, l’écran du HDX est impressionnant, il possède en effet une résolution de 2560 x 1600 comme la Nexus 10, mais sur un écran d’une diagonale de seulement 8,9 pouces ce qui en fait un des écrans les plus dense du marché. D’ailleurs, avec une telle densité de pixels, on pourrait largement craindre une consommation excessive. En effet, au plus un écran possède de pixels, au plus les circuits de contrôles de ces pixels opacifient la surface et font obstacle au rétroéclairage. C’était un des principaux problèmes de l’iPad 3 qui utilisait la même technologie que l’iPad 2, lequel affichait quatre fois moins de points. L’iPad Air adopte la technologie IGZO (Indium Gallium Zinc Oxyde) qui lui permet de diminuer significativement la consommation de la dalle et ainsi de s’offrir une silhouette de rêve.
On s’habitue vite au « retina ».Amazon a choisi la technologie LTPS (Low Temperature Poly Silicon) pour son Kindle Fire HDX. Déjà utilisée par Apple dans ses iPhone (depuis le 4), c’était jusqu’à présent un procédé mal maîtrisé pour les « grandes » tailles d’écran et c’est un petit exploit de le voir appliqué sur presque 9 pouces de diagonale.
Il est assez amusant de constater que si l’iPad fut le premier à proposer un écran « rétina », c’est-à-dire où les pixels sont indécelables à l’œil nu à une distance considérée comme « standard » (soit environ 15 pouces), c’est aujourd’hui lui qui offre la résolution et la densité la plus faible. Rassurons-nous, avec des yeux à 20 / 20, les pixels sont indécelables à partir de 246 ppp et l’iPad Air en offre 264.
Réflexions
Les écrans de tablettes sont tous brillants et les reflets sont de véritables nuisances. Dans ce contexte aussi, les écrans modernes font des progrès avec des designs et des traitements de surface toujours plus sophistiqués. Avec à peine 5 % de lumière réfléchie en moyenne, le Kindle HDX arrive encore en tête. Les iPad s’améliorent progressivement dans ce domaine. Les écrans peuvent aussi concentrer des pinceaux de lumières (entre les couches) et les réfléchir de manière assez intense, ce qui est plutôt gênant. Avec seulement 6,8 % de lumière réfléchie dans ce contexte, Amazon fait encore très fort.
Contraste, Luminosité et Couleurs
Niveau luminosité, toutes les tablettes testées offrent des valeurs maximales assez élevées, peut-être au prix d’une consommation plus importante. Là encore, la technologie LTPS permet au Kindle Fire HDX d’atteindre 527 cd/m² (candela / m²), une valeur par ailleurs comparable à ce qu’offre l’iPhone 4 (541 cd/m²). Des valeurs élevées permettent un usage plus facile dans les cas (très courants) d’une utilisation en forte lumière ambiante.
En ce qui concerne le contraste, les résultats sont globalement excellents pour toutes les machines. Le niveau de luminosité du noir est de seulement 0.39 cd/m² sur un iPad Air en utilisation typique (image non uniformément noire) ce qui lui donne un excellent niveau de contraste réel de 1151. Si l’iPad Air remporte ce round, toutes les tablettes testées tournent autour de 1000 ce qui est de toute façon très bon, le Nexus 10 étant un peu en retrait.
Comparaison des gamut des tablettesPour les couleurs, le gamut des écrans, c’est-à-dire l’étendue des couleurs qu’ils peuvent afficher à été confronté au gamut standard sRGB / Rec. 709. Au plus les valeurs sont proches de 100 % (le gamut de l’écran est identique au standard) au meilleure sera la richesse des couleurs. Les grands gagnants sont ici les iPad et le Kindle HDX avec entre 99 % et 105% du gamut standard reproduit. De plus, ce dernier offre aussi une excellente précision de reproduction. À l’aide d’un spectroradiomètre, on peut déterminer quelles sont les plus fines variations possible entre couleurs pour un écran donné. C’est-à-dire quand deux couleurs deviennent trop proches et sont reproduite comme étant identiques. On l’exprime en JNCD (Just Noticeable Color Difference). Le Kindle Fire HDX l’emporte encore avec 4,6 JNCD d’erreur au maximum et 2,7 JNCD en moyenne. La Nexus 10 est par contre significativement moins bonne avec une erreur maximale de 29,4 JNCD pour 8,2 JNCD en moyenne.
Angles de vision et Consommation
Au niveau de l’altération de l’image lorsque les angles de visions changent, toutes les tablettes sont plus ou moins équivalentes. On constate une diminution d’environ 60 % de la luminosité sous un angle de 30°. Le contraste chute alors de moitié et les couleurs s’altèrent, assez peu de progrès depuis l’iPad 2 de ce côté-là.
Côté consommation par contre, les améliorations sont notables. Entre l’iPad 2 et l’iPad 3, la consommation avait explosé de 2,7 W à 7 W. Le passage au IGZO dans l’iPad Air permet de repasser à une consommation plus confortable de 4,8 W. Plus impressionnant encore, l’écran du Kindle HDX ne consomme que 3,4 W. L’iPad 2, malgré une technologie moins avancée reste le plus économe. Il est néanmoins très avantagé par sa faible résolution.
Des chiffres pas complètement justes néanmoins puisque les surfaces respectives des écrans comparés sont légèrement différentes. Si on normalise les tailles, on obtient 3,7 W, 4,8W et 6,4 W pour le HDX, l’iPad Air et le Nexus 10 respectivement. La tablette de Google souffre ainsi du même problème que l’iPad 3, son écran reste très gourmand.
Conclusion
Vous retrouverez cette avalanche de chiffres ci-dessous, dans le tableau récapitulatif. Mais la conclusion de tout ça est assez simple. Même si on peut donner une mention spéciale au Kindle Fire HDX, les écrans des autres tablettes sont aussi étonnants de qualité et votre iPad, votre Kindle ou même votre Nexus sont probablement les meilleurs écrans que vous possédez, surpassant sans aucun problème l’immense majorité des télévisions et des moniteurs informatiques du commerce.
Pourtant, il y a encore une marge de progression. En ce qui concerne la consommation en premier lieu. De plus, tous ces écrans sont encore fragiles et relativement lourds, les technologies d’écran en plastiques flexibles, basées sur des OLED constituent-elles l’avenir ? Nous verrons, mais la réponse pourrait arriver étonnamment vite étant donnée la prodigieuse ingéniosité dont font preuve les ingénieurs…
|
Kindle Fire HDX |
iPad Air |
Nexus 10 |
iPad 3 |
iPad 2 |
Technologie |
IPS / LTPS |
IPS / IGZO |
PLS / a-Si |
IPS (Amorph-Si) |
IPS (Amorph-Si) |
Résolution |
2560 x 1600 |
2048 x 1536 |
2560 x 1600 |
2048 x 1536 |
1024 x 768 |
Densité |
339 ppp |
264 ppp |
300 ppp |
264 ppp |
132 ppp |
Taille (pouces) |
8,9 |
9,7 |
10,1 |
9,7 |
9,7 |
Réflexion moyenne |
5 % |
6,5 % |
7,7 % |
7,7 % |
8,7 % |
Réflexion miroir |
6,8 % |
8,5 % |
10,9 % |
9,9 % |
10,8% |
Luminosité maximale |
527 cd/m² |
449 cd/m² |
398 cd/m² |
421 cd/m² |
410 cd/m² |
Luminosité du noir |
0.46 cd/m² |
0.39 cd/m² |
0.49 cd/m² |
0.48 cd/m² |
0.43 cd/m² |
Niveau de contraste |
1146 |
1151 |
812 |
877 |
962 |
Gamut |
105 % |
108 % |
58 % |
99 % |
61 % |
Précision de couleurs (en moyenne) |
2,7 JNCD |
3,2 JNCD |
8,2 JNCD |
N/A |
N/A |
Consommation (à luminosité maximale) |
3,4 W |
4,8 W |
5,7 W |
7 W |
2,7 W |
Source1, Source2
Félicitations pour ce comparatif approfondi et compréhensible.
Il y a la définition de l’écran et son « confort visuel ». Ainsi je trouve l’iPad beaucoup plus confortable et « naturel » que l’écran de la Note 10.1 2014 qui me « tire l’oeil » par sa brillance et ses couleurs vives.
La Kindle Fire HDX a un format que j’ai apprécié avec une galaxyTab 8.9. Néanmoins par rapport au 9.7 on a plus de difficulté pour lire des comics ou des magazines d’art par exemple.
C’est justement l’écran de l’ipad, et son poids mini, qui me font abandonner l’achat d’une Note 10.1, d’autant plus qu’elle est presque aussi cher que l’iPad !
L’argument commercial de la résolution s’arrêtera t-il pour autant ? Aurons nous droit un jour à des écrans 4K ?
Probablement oui : « la première tablette avec écran 4K », on l’entendra, et ça n’aura aucun sens, sauf pour du 3D en FullHD
En résumé, ça commence à ne plus servir à grand chose de jouer à celui qui a la plus grosse (résolution), mais il va sérieusement falloir penser à travailler l’autonomie ?
Clairement, la résolution niveau « retina » peut être considérée comme suffisante. Mais il reste toujours une marge de progression en ce qui concerne tous le reste, la consommation, en particulier, est un point crucial en effet.