IA : Au délà de la peur d’un « Terminator », voici ce qui inquiète les experts

L’intelligence artificielle suscite à la fois admiration et crainte. Si les récits dystopiques nous ont habitués à des visions apocalyptiques dignes de « Terminator », la menace qui pèse réellement sur notre société est bien plus tangible. Les experts sonnent l’alarme, non pas sur des robots rebelles, mais sur les impacts concrets et immédiats de cette technologie sur notre environnement et notre santé.

Un impact environnemental sous-estimé

Les chercheurs ne cessent de le répéter : l’IA est énergivore. En 2023, un rapport du MIT soulignait que l’entraînement d’un seul modèle d’IA pouvait émettre autant de CO2 qu’un avion faisant plusieurs allers-retours transatlantiques. Plus récemment, une étude menée par l’université de Californie à Riverside met en lumière une autre conséquence inattendue : la pollution de l’air causée par les infrastructures nécessaires au fonctionnement de l’IA.

Une menace invisible pour la qualité de l’air

Les centres de données, ces immenses serveurs qui hébergent et alimentent les intelligences artificielles, consomment des quantités faramineuses d’électricité. Or, cette énergie est en grande partie produite par des centrales fonctionnant aux énergies fossiles. Résultat : des émissions de particules fines et d’oxydes d’azote qui impactent directement la qualité de l’air et, par conséquent, la santé publique.

D’après les chercheurs, cette pollution pourrait causer jusqu’à 1 300 décès prématurés par an aux États-Unis d’ici 2030. Une projection alarmante, notamment dans des régions comme la Virginie du Nord, où la concentration de data centers est particulièrement élevée. La pollution générée ne reste pas confinée à ces zones : elle se propage vers des États voisins comme le Maryland, la Pennsylvanie et même New York.

Le coût de cette pollution pour la santé publique est déjà estimé entre 190 et 260 millions de dollars par an. Si les infrastructures continuent de croître au rythme actuel, ce coût pourrait être multiplié par dix, atteignant près de 2,6 milliards de dollars annuels.

Une consommation énergétique comparable aux transports

Outre la pollution de l’air, l’empreinte énergétique de l’IA est colossale. Pour donner une idée de son impact, les chercheurs ont comparé la production d’électricité nécessaire à l’entraînement des modèles d’IA à celle d’un trajet en voiture entre Los Angeles et New York… effectué plus de 10 000 fois !

D’ici 2030, la pollution générée par l’IA pourrait dépasser celle de l’industrie sidérurgique et rivaliser avec celle de l’ensemble du parc automobile californien. Un constat inquiétant, surtout dans un contexte où la lutte contre le changement climatique devient une priorité absolue.

Des entreprises face à leurs responsabilités

Face à ces constats, les chercheurs estiment que les entreprises technologiques doivent être mises face à leurs responsabilités. Alors que les gouvernements imposent des normes environnementales strictes aux industries traditionnelles, le secteur de l’IA bénéficie encore d’un flou réglementaire qui lui permet de croître sans contrainte.

Certaines initiatives émergent néanmoins. Microsoft, par exemple, s’est engagé à devenir « carbone négatif » d’ici 2030 en compensant l’ensemble de ses émissions passées et futures. Mais ces engagements restent rares et souvent difficiles à vérifier.

Vers une régulation plus stricte ?

Des experts appellent à une meilleure transparence et à l’adoption de normes contraignantes pour limiter l’empreinte carbone de l’IA. Parmi les pistes envisagées :

  • Une taxation des émissions de CO2 des data centers, comme c’est déjà le cas pour certaines industries polluantes.
  • L’obligation d’utiliser des énergies renouvelables pour alimenter ces infrastructures.
  • Un suivi précis de la consommation énergétique des modèles d’IA, avec des sanctions pour les entreprises ne respectant pas les seuils fixés.

L’intelligence artificielle est une révolution technologique majeure, mais elle ne doit pas se développer au détriment de la planète et de notre santé. Si l’innovation a toujours un prix, il est temps de s’assurer que celui-ci ne soit pas un fardeau insoutenable pour l’avenir.

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