Images créées par l’IA : quand ChatGPT bluffe… ou fait peur

Entre émerveillement et malaise, les images générées par l’intelligence artificielle soulèvent autant de fascination que d’inquiétudes. Avec sa toute nouvelle fonctionnalité de transformation d’image, ChatGPT attire les foules… mais relance aussi un débat sensible : celui du respect du travail artistique à l’ère des algorithmes.

Quand les internautes se rêvent dans un monde Ghibli

Dans les rues de Paris, on croise Marso, smartphone à la main, admirant son portrait transformé façon film d’animation japonais. « J’ai grandi avec Le Voyage de Chihiro et Mon voisin Totoro. Alors me voir dans cet univers, c’est comme un rêve éveillé », raconte-t-il, sourire aux lèvres, attablé dans un café du 11e.

L’outil, proposé par OpenAI via ChatGPT avec génération d’image, permet de reconstituer des visuels inspirés de styles bien connus. Résultat : un engouement viral. En quelques jours, la plateforme a enregistré plus d’un million de nouveaux utilisateurs. L’effet « wahou » est bien réel.

Un succès qui dérange certains artistes

Mais cette magie numérique n’enchante pas tout le monde. De nombreux créateurs dénoncent une forme de pillage visuel. Notamment parce que Hayao Miyazaki, maître incontesté des studios Ghibli, a toujours exprimé son rejet des images générées par IA. Pour lui, l’âme humaine ne peut être remplacée par une machine.

Un paradoxe, donc : rendre hommage à un style tout en allant à l’encontre des convictions de son créateur. Et cela soulève une question de fond : jusqu’où peut-on s’inspirer sans copier ?

Des garde-fous… encore imparfaits

Heureusement, ChatGPT ne fait pas tout, rappelle Raphaël Chenol, expert en intelligence artificielle et directeur de l’innovation pédagogique chez YNOV Campus. « Il refusera de générer une fausse carte d’identité ou un faux document fiscal« , explique-t-il. Une preuve que certaines limites sont bien en place.

Mais l’expert reste prudent : « D’ici six mois, d’autres logiciels open source risquent de reproduire ces fonctions, sans les mêmes restrictions. » Autrement dit, la technologie évolue vite, parfois plus vite que les cadres éthiques qui l’encadrent.

Entre créativité et dérive, l’équilibre reste fragile

La frontière entre l’innovation ludique et le dérapage technologique est ténue. Si transformer un selfie en personnage de dessin animé peut sembler anodin, cela pose des questions profondes : propriété intellectuelle, consentement artistique, usage détourné…

Il appartient donc aux concepteurs, aux législateurs mais aussi aux utilisateurs eux-mêmes, d’adopter un usage responsable de ces outils. Car derrière les pixels générés se cache un monde bien réel de créateurs, de droits, et de choix de société.

Send this to a friend