La quête de John Hennessey pour construire la voiture la plus rapide du monde

Imaginez-vous dans une voiture de 2,7 millions de dollars, le pied enfonçant l’accélérateur d’une machine de 1 817 chevaux, prête à défier toutes les lois de la physique. C’est exactement ce que j’ai vécu aux côtés de John Hennessey, créateur de la Venom F5, lors d’un test sur une piste privée près de Houston. Un rugissement assourdissant, une accélération foudroyante, et en quelques secondes, nous dépassons les 170 mph (273 km/h). Sensations garanties.

Un homme, une vision : repousser les limites de la vitesse

John Hennessey, 61 ans, est un homme de passion, et cette passion, c’est la vitesse. Son entreprise, Hennessey Performance, s’est spécialisée dans la transformation de voitures sportives en véritables fusées sur roues. Mais avec la Venom F5, Hennessey est allé plus loin : il a créé une voiture hyper-sportive, conçue pour une chose et une seule : battre le record de vitesse des voitures de série.

Le précédent record appartient à la Bugatti Chiron Super Sport avec une vitesse ahurissante de 304 mph (489 km/h), atteinte en 2019. Pour Hennessey, l’objectif est clair : dépasser les 311 mph (500 km/h). Pourquoi un tel défi ? « Parce qu’on peut, » dit-il avec un sourire en coin. Et parce qu’il sait que cela fera une histoire mémorable.

La Venom F5 : une bête née pour conquérir la route

Le secret de la Venom F5 réside dans un rapport poids/puissance presque irréel. Avec un moteur V8 surnommé « Fury », équipé de deux turbocompresseurs, la F5 produit une puissance phénoménale tout en restant ultra-légère grâce à son châssis et ses panneaux en fibre de carbone. Le résultat ? Une voiture qui ne pèse que 1 360 kg, bien en dessous des 1 900 kg de la Bugatti Chiron.

Mais il y a des compromis. Pas de porte-gobelets, des sièges minimalistes et… pas d’airbags. Oui, cette voiture est homologuée pour la route, mais son terrain de jeu naturel reste la piste.

Un passé mouvementé, une passion intacte

Hennessey n’est pas un simple ingénieur automobile, c’est un homme aux mille anecdotes. Originaire de Kansas City, il a grandi dans une famille modeste, son père l’autorisant à diriger leur Pontiac GTO 1964 alors qu’il était enfant. Sa passion pour les voitures s’est affirmée au fil des années, d’abord comme un passe-temps, puis comme une carrière après un virage audacieux : quitter son travail de désamiantage à Houston pour se consacrer à la transformation de voitures sportives.

L’une des premières réalisations marquantes de Hennessey fut la Viper Venom 500, une version surpuissante de la Dodge Viper. Grâce à sa capacité à captiver les passionnés et à son flair pour la promotion, il s’est rapidement fait un nom dans l’industrie. Mais sa route n’a pas toujours été sans embûches, marquée par des controverses sur des retards de livraison et des problèmes financiers. Malgré tout, sa vision et son audace l’ont maintenu au sommet.

Une rivalité avec Bugatti et les enjeux d’un record

Défier Bugatti, un titan de l’industrie soutenu par Volkswagen, n’est pas une mince affaire. Alors pourquoi s’y attaquer ? « Pour l’amour de l’ingénierie et de la vitesse, » explique Hennessey. Et aussi parce que ce type de record attire les clients fortunés qui veulent posséder un morceau d’histoire automobile.

Cependant, battre un tel record nécessite bien plus qu’un moteur puissant. L’aérodynamisme, les pneus capables de résister à des vitesses extrêmes et les freins jouent un rôle crucial. « À ces vitesses, la moindre erreur est fatale, » souligne Jason Harper, journaliste automobile.

Un retour aux sources : l’artisan au service de la vitesse

Aujourd’hui, Hennessey dirige une entreprise prospère, où environ cent employés travaillent sur des voitures et camions modifiés, ainsi que sur des hypercars comme la Venom F5. Le modèle F5 est limité à seulement 24 exemplaires, tous vendus à des clients comme Michael Jordan ou des dirigeants de grandes entreprises. Chaque voiture est assemblée à la main, reflétant la philosophie de Hennessey : « Chaque dollar dépensé au-delà du nécessaire est motivé par la passion et l’émotion. »

Et ensuite ? Une Ferrari américaine en préparation

Hennessey ne compte pas s’arrêter à la Venom F5. Son prochain projet, surnommé « Project Overlord », vise à créer une voiture plus accessible, mais toujours performante. Avec cette nouvelle ambition, il espère redéfinir l’identité de la voiture sportive américaine, en rivalisant avec les grandes marques européennes comme Ferrari.

John Hennessey reste un rêveur invétéré, toujours prêt à relever le prochain défi. Pour lui, chaque voiture est plus qu’une machine : c’est une œuvre d’art, un témoignage de ce que l’ingénierie et la passion humaine peuvent accomplir. Tandis qu’il vise les 311 mph et au-delà, une chose est certaine : son nom restera gravé dans l’histoire de l’automobile.

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