Riot Games après « Arcane », la série animée la plus chère de l’histoire

Quand la série animée « Arcane » reviendra sur Netflix le 9 novembre, dépasser le succès de sa première saison sera un défi de taille. Avec quatre Emmy Awards remportés en 2022, dont celui du meilleur programme d’animation, et une position de n°1 dans 85 pays, cette production a déjà marqué l’histoire. Pourtant, cette deuxième saison, annoncée comme la dernière, soulève des questions sur les ambitions de Riot Games dans le domaine du divertissement.

Des débuts prometteurs mais coûteux

Le projet « Arcane », basé sur l’univers de « League of Legends », a nécessité un investissement colossal. Selon des sources, Riot Games a dépensé environ 250 millions de dollars pour produire et promouvoir les 18 épisodes répartis sur deux saisons. Cela en fait la série animée la plus chère jamais réalisée pour une plateforme de streaming. Ce budget astronomique a été notamment gonflé par des retards dans les scripts et une approche laborieuse en matière d’animation.

Un exemple marquant de cette extravagance : pour promouvoir la première saison, Riot a déboursé 60 millions de dollars, une somme bien supérieure à ce que Netflix lui-même investit généralement pour ses productions. Parmi les initiatives, un spectacle lumineux sur la tour Burj Khalifa à Dubaï reste gravé dans les mémoires. On peut se demander si cet investissement, bien qu’impressionnant, était vraiment nécessaire, surtout quand Riot aurait pu s’appuyer sur sa vaste communauté de joueurs.

Un apprentissage coûteux dans un domaine inconnu

Riot Games, connu principalement pour ses succès dans l’univers du jeu vidéo, a dû faire face à une courbe d’apprentissage abrupte dans le monde du divertissement. Marc Merrill, cofondateur de Riot, a reconnu que « réussir dans ce secteur prend plus de temps que prévu ». Ces ambitions ont parfois mené à des erreurs coûteuses, comme le paiement de 5 millions de dollars aux réalisateurs Anthony et Joe Russo pour mettre fin à une collaboration sur un projet cinématographique qui ne correspondait plus à la vision de Riot.

Cette maladresse reflète un choc culturel interne : une partie des équipes de Riot, composées de passionnés de gaming, voyait le divertissement comme une distraction par rapport à l’essence de l’entreprise. Cet écart a freiné l’alignement des ambitions de l’équipe dédiée au divertissement avec celles du reste de la société.

Un succès qui dépasse les écrans

Malgré ces défis, Riot continue de diversifier ses activités. En plus de l’esport et des produits dérivés, l’entreprise a su tirer parti de sa propriété intellectuelle pour créer des projets transversaux, comme des clips musicaux et des événements immersifs. « Arcane », fruit de la collaboration entre Riot et le studio d’animation parisien Fortiche, est l’exemple parfait de ce potentiel.

La série a permis à Riot de prouver qu’elle pouvait créer des récits captivants en dehors du gaming. Certains fans affirment même que cette adaptation a enrichi leur compréhension du lore de « League of Legends ». En tant que joueur, j’ai moi-même ressenti un nouvel attachement aux personnages comme Jinx ou Vi après avoir vu la première saison.

L’avenir du divertissement chez Riot

Depuis le départ de son ancien PDG, Nicolo Laurent, en 2023, Riot semble avoir recalibré ses ambitions. Sous la direction de Dylan Jadeja, l’entreprise met l’accent sur le gaming tout en traitant les projets cinématographiques et télévisuels comme de la recherche et développement à long terme. Cependant, avec un marché du jeu vidéo en repli depuis la pandémie, cette approche prudente paraît judicieuse.

Des projets comme un film d’animation supervisé par Christian Linke, co-créateur d’Arcane, sont encore en phase exploratoire. Riot a également acquis des scripts pour une série en prises de vue réelles basée sur son univers, mais aucune production n’a encore été lancée.

Un succès à nuancer

Bien que « Arcane » ait été acclamée, son coût prohibitif signifie qu’elle ne sera probablement pas rentable. Riot espère néanmoins compenser ce déficit grâce aux revenus indirects, comme les ventes de skins et de produits dérivés. Cette stratégie reflète l’importance d’étendre l’écosystème de Riot au-delà des jeux, tout en maintenant des standards de qualité élevés.

Pour une entreprise ayant surmonté des crises internes, comme le scandale de harcèlement sexuel en 2018, Riot montre qu’elle est capable de se réinventer. Aujourd’hui, elle aspire à devenir un acteur clé à l’intersection du gaming et du divertissement, mais comme l’a admis Jadeja : « Créer un portfolio de divertissement avec nos standards… c’est vraiment difficile. »

Conclusion : Une vision encore à concrétiser

Le chemin de Riot Games dans l’univers du divertissement est encore semé d’embûches. Mais avec « Arcane » comme pierre angulaire de ses ambitions, l’entreprise semble déterminée à explorer de nouvelles façons de raconter ses histoires. Peut-être que ce n’est qu’une question de temps avant que Riot trouve la bonne formule pour s’imposer dans un secteur où qualité et patience font souvent la différence.

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