DRM m’a tuer – signé le livre numérique légal

Si la révolution du livre de la presse doit passer par les tablettes tactiles comme nouveau support pour atteindre le lecteur, tout ne doit pas être fait n’importe comment… Et les DRM en sont le contre exemple par excellence. Abération pour la musique, et échec cuisant de l’interopérabilité, les erreurs sont indéniablement reproduites pour les livres…

Le DRM – pour Digital Rights Management – est ce « gentil » verrou numérique que les éditeurs nous imposent afin de pouvoir préserver leurs droits sur leurs œuvres.
Ainsi chaque éditeur peut contrôler finement quels sont les droits qu’il daigne vous accorder à vous lecteur ayant téléchargé légalement (et après paiement) le livre numérique qu’il édite. Selon les réglages vous pourrez ou non transférer ce livre sur d’autres supports que l’ordinateur avec lequel vous avez effectué l’achat (tablette, téléphone etc…), l’imprimer, envoyer un extrait à un ami, le prêter (à non ça c’est pas possible sauf avec le Kindle et beaucoup de restrictions)…
Grâçe aux DRM vous lecteur ne vous sentirez plus seul car l’éditeur sera toujours avec vous et pourra agir sur vos livres sans votre consentement (lire l’article sur l’effacement de 1984 par Amazon).
Bien que l’on puisse comprendre le besoin de contrôler et préserver leurs droits les éditeurs commettent ici une erreur d’importance au moment même où le lecteur commence à prendre goût à la lecture numérique. En effet le message transmis par les éditeurs ne peut alors qu’être perçu négativement :

  • l’éditeur n’a pas confiance dans son lectorat et préfère restreindre l’usage du livre numérique
  • le lecteur d’un livre numérique piraté dispose de plus de droits (il dispose du fichier comme bon lui semble) que celui ayant légalement acheté le livre
  • le lecteur doit devenir un expert es-technologie pour pouvoir lire un livre numérique

Concernant ce dernier point je vais l’illustrer par une expérience vécue.
Fnacbook - fiche du livre
Souhaitant profitez de mon iPad pour lire de nouveaux livres je décide de télécharger l’application Fnacbook. Je fais alors mon choix et décide d’acheter Facebook, Twitter et les autres disponible sur le kiosque en ligne de la Fnac (cf. capture 1).
Tout me laisse penser que je vais pouvoir effectuer mon achat en ligne tranquillement mais rien ne se passe comme prévu.

En effet il m’est alors impossible d’acheter le livre depuis l’application m’obligeant à recourir au site Internet. Soit me dis-je…
Fnacbook erreur de téléchargement
J’effectue donc mon achat et lance de nouveau l’application sur mon iPad pour récupérer le livre. Ce dernier apparaît et un beau bouton m’invite à le télécharger. Ce que j’essaye vainement de faire…. Une erreur très explicite, sic, m’empêchant d’aller au bout.(cf. capture 2)

Légèrement énervé je décide de contacter le support de la fnac. Après plusieurs jours j’ai enfin une réponse…

Merci d’avoir téléchargé votre livre sur Fnac.com.
L’application fnacbook permettant de lire les livres numériques Fnac.com sur votre iPad, votre iPhone et votre iPod Touch est téléchargeable depuis le lien suivant :
http://itunes.apple.com/fr/app/fnacbook/id406120042?mt=8
Une fois l’application installé, il sera nécessaire d’y renseigner votre identifiant et mot de passe de compte :
– Fnac.com (pour accéder au site Fnac.com et l’historique de vos commandes de téléchargement de livres numériques)
– Adobe (pour l’acquisition de la licence d’utilisation des livres numériques achetés sur le site www.fnac.com)
Le Service Client Fnac.com se joint à moi pour vous souhaiter d’excellentes fêtes de fin d’année.

Mmmh ça se complique… il me faut donc un identifiant Fnac + un identifiant Adobe… Fichtre comment se fait-il que je n’ai pas vu ces informations avant ? Sans doute car elles n’y étaient pas. Ni sur le site ni sur l’application…
Et pour terminer voici ce qu’il y a sur le site de la Fnac dans l’aide sur le livre numérique :

Apple n’a pas souhaité rendre compatible la DRM Adobe (exigée par la majeure partie des éditeurs) sur l’iPad.
Vos livres numériques achetés à la Fnac ne sont donc aujourd’hui pas transférables sur iPad.
Nous travaillons cependant activement à la mise en place d’une solution dans les mois à venir pour consulter vos livres numériques achetés sur Fnac.com sur votre iPad.

Ce qu’il ressort de cette expérience c’est que malgré mon expérience je suis toujours à l’heure actuelle dans l’incapacité de lire le livre acheté sur mon iPad.
Pourquoi un tel mépris du lecteur ? (à lire l’excellent billet : Livres numériques & mépris du lecteur : éditeurs et bibliothèques complices).
La protection d’une oeuvre ne doit pas impliquer d’annihiler les droits d’un lecteur souhaitant juste lire sur un nouveau support.
D’autres solutions existent comme le Tatouage numérique (disponible chez http://izibook.eyrolles.com/) qui permettent au lecteur de disposer facilement et de manière pérenne de son livre et à l’éditeur de pouvoir contrôler la diffusion de ses oeuvres.

9 réflexions au sujet de “DRM m’a tuer – signé le livre numérique légal”

  1. « DRM Adobe (exigée par la majeure partie des éditeurs) sur l’iPad. »
    Ils n’exigent rien, ils ne savent même pas ce que c’est, le DRM Adobe Adept… 
    En plus, Adobe fait payer 75.000 euros par an pour pouvoir les utiliser. Tous les autres systèmes de DRM sont « gratuits » (Kindle, Apple, B&N, tag numilog) pour l’éditeur. 
    Et je ne parle même pas de la réputation d’Adept et des nombreux mails de mécontentement qu’ils reçoivent à cause de lui. 

    Donc j’ai beaucoup de mal à imaginer la Fnac pouvoir justifier factuellement cette partie de leur « aide ». 
    Au passage, Adobe a quand même le courage de présenter leur DRM comme une « solution d’ouverture et d’intéropérabilité » pour les lecteurs… 

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  2. DRM, prix injustifiables, incompatibilité des plate-formes, toute la filière ebooks s’organise merveilleusement pour encourager et justifier le piratage.

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  3. Je ne crois que la solution d’une bibliothèque numérique unique soit « la » solution. En revanche, je crois de plus en plus que les éditeurs 100% numérique seront aussi leur propre librairie et feront du branding sur leur marque en s’appuyant sur les réseaux sociaux et les médias sociaux. C’est notre acte de communication depuis la création de Numeriklivres, ce sont les Internautes qui sont aujourd’hui nos meilleurs prescripteurs de lecture numérique. Nos communautés sociales ont beaucoup de valeur à nos yeux. Il n’empêche qu’en six mois, le taux de téléchargement à progresser de 300%. C’est un signe fort.

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  4. merci pour votre commentaire. J’ai hâte effectivement de pouvoir constater l’émergence de ces nouveau éditeurs. Cependant j’ai peur que l’internaute/mobinaute ne soit noyé et ne sache pas où trouver le livre qui l’intéresse faute d’une bibliothèque numérique unique.

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  5. On va dans l’mur c’est sûr.
    Et qui fait ch… ce sont les gros editeurs.
    Comme petit éditeur, l’accès à la publication numérique est bien compliquée et paradoxalement Adobe met en place un système équivalent au distributeur et libraires (50 à 60% du prix du livre)… avec son Adobe Digital Publihing suite… sauf que ça ne fait vivre qu’Adobe.
    Et les éditeurs dans tout ça…
    Peau de z…

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  6. L’expérience que vous décrivez est malheureusement monnaie courante. À trop vouloir protéger les droits des auteurs, on finit par dégoûter le lecteur de lire en numérique. Il ne vous reste plus qu’à vous tourner vers les éditeurs 100% numériques comme numeriklivres ou encore publie.net qui ont choisi l’ouverture et ont pensé leur maison d’édition pour le numérique et non sur le modèle du papier. Toute la différence est là. Bien sûr, il faut donner du temps à ces éditeurs de monter leur catalogue mais les choses vont très vite s’accélérer dans les prochains mois, vous verrez.

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