Quatrième blogueur de notre série d’interviews, et c’est François Ziserman qui se prête au jeu, dénoncé par Capitaine Commerce ! Une interview très orientée e-commerce, qui je l’espère vous intéressera autant que nous.
[Cédric] Bonjour François, peux-tu te présenter rapidement, pour nos lecteur qui ne te connaîtraient pas ?
Je m’appelle François Zierman, et je suis le fondateur d’Araok, une société de conseil en e-commerce et marketing dont l’objectif est d’aider ses clients à vendre plus et mieux sur Internet.
J’ai pour ma part un backgroung technique assez fort plutôt orienté logiciel au départ, et j’aime mélanger les cultures : le technique, mais aussi l’entreprenariat, le marketing, la communication, etc…
[Cédric] Tu parles régulièrement de tablettes sur ton blog :le marché explose et les annonces s’enchaînent, toutes marques confondues… Quel regard portes-tu là dessus ?
C’est assez paradoxal, parce que je sais depuis très longtemps que l’internet sortira du monde du PC (j’avais monté ma première boite sur le sujet en 99… soit 10 ans trop tôt), mais je n’ai pas du tout été convaincu par le premier modèle de l’iPad (et si la tablette d’Apple était un échec ?). Les chiffres m’ont contredit et tout le monde peut se tromper, mais je n’étais pas fan du « form factor« . J’ai donc revu ma copie quelques mois plus tard (Alors, iPad, futur grand succès ou pas ?).
La force d’Apple, qui limite les autre, c’est la capacité de faire une tablette intégrée de bout en bout.
- A la fois un bel objet (hardware & design) ;
- Le software : objectivement, Apple a une maîtrise de son OS et du software ;
- Et l’écosystème applicatif : l’environnement de développement qui permet aux développeurs de créer des applications tierces et de gagner de l’argent avec ;
Aucun de ses concurrents n’a pour le moment investi en même temps ces trois domaines.
[Cédric] Possèdes tu une tablette tactile ?
Non. Je n’en possède pas car je n’ai pas trouvé celle qui me correspondait.
J’ai un besoin très important en mobilité, et je pense que l’iPad n’est pas la plus adaptée pour cela. De plus, je crois beaucoup au form factor du type dual screen, qui présente selon moi de nombreux avantages. Microsoft avait présenté il y a quelques temps un concept vidéo de tablette en dual screen intéressant. La Nintendo DS en est aussi bon exemple…
[youtube]UmIgNfp-MdI[/youtube] Le concept Microsoft Courrier, abandonné depuis…
Le dual screen permet entre autre d’avoir une zone pour un clavier à part, en imitant le laptop ou le netbook, mais aussi de protéger les deux écrans quand la tablette est repliée. Accessoirement, ça prend aussi deux fois moins de place en rangement mobile… Et le cerveau humain est à l’aise avec l’idée de séparation phyisique. Ca aide à organiser l’espace. On peut par exemple penser à une application Livre qui permettrait de lire sur la gauche et d’annoter sur la droite.
Malheureusement, Steve Jobs n’est pas convaincu du concept…
[Cédric] D’un point de vue pro, quelle est ta vision “e-commerce” sur les tablettes ?
Je pense qu’il y a un usage spécifique des tablettes en B2B. Elles permettent pour un représentant d’avoir dans les mains un catalogue interactif hyper puissant. C’est le rêve pour un VRP !
[Cédric] On voit que les nouveaux grands sites e-commerces 2010 (je pense à Jules.fr ou à Zara.com par exemple) favorisent les visuels, quasiment à la manière d’un catalogue papier réinventé. Est-ce une manière de prendre en compte le format et le style de lecture de la tablette ?
Oui, tout à fait. Des choses vont se développer dans cet esprit là. Paradoxalement un des éléments qui coince les évolutions du Web c’est Google, et le référencement naturel (SEO). Aujourd’hui, bien réussir le SEO c’est faire un site très « HTML » (h1, h2), du texte, des mots clefs, des URL fixes. Ca ne va pas vers un catalogue réellement interactif.
Il y a une vraie dualité :
- d’un côté je veux faire un site joli et innovant en terme d’expérience utilisateur ;
- d’autre côté j’ai besoin d’être bon en SEO pur avoir du trafic ;
Pour secouer ce modèle, la nouveauté est de de développer une application interactive sur les tablettes PC. Elles permettent des expériences de navigation différentes sans penser au référencement.
[Cédric] Oui, mais cela n’empêche pas un autre type de référencement, dans les places de marché par exemple…
Comme tu le dis, c’est un autre référencement, très différent, qu’il faut travailler aussi, mais qui ne contraint ni l’interface ni le contenu.
[Cédric] Quelle place pour les tablettes tactiles dans la stratégie de mobilité des marques aujourd’hui ?
Aujourd’hui, les tablettes sont réservées aux gros acteurs. Je conseille bien évidemment l’iPhone pour les acteurs moyens, mais seuls ceux qui ont suffisamment de budget marketing (automobile ou luxe par exemple) se lancent sur les tablettes. Le nombre d’applications par secteur est d’avantage créé par les moyens des équipes mkg que par une analyse secteur par secteur.
[Cédric] Mais d’après toi, qui a besoin d’investir ce secteur ?
Tous, potentiellement !
Le e-commerce, c’est faire rêver sur un produit. Quoi de mieux que de le présenter via une application interactive sur tablette tactile. En plus, le contexte est idéal pour le e-commerce. Dans un moment de partage, au salon, c’est clairement un objet de partage, à l’évidence lié à l’e-commerce, mais pas exclusivement.
[Cédric] Qu’est-ce que tu ne veux surtout pas faire avec une tablette ?
Ça n’est pas un ordinateur. Dès qu’on est dans une démarche de productivité, ça n’est pas adapté (comptabilité, action précise de publishig, etc). On y a pas le confort d’un d’un clavier d’ordinateur. Mais pour consultation avancée, oui. Avec manipulation, possibilité d’avoir une proximité importante avec ce qui est présenté, d’utiliser des application interatives… Même remplir des formulaires. Des cas de productivité il peut y en avoir tout de même, mais plutôt autour de ce que j’évoquais plus haut (B2B).
[Cédric] Le mot de la fin ?
Ce qui est entrain de se passer, c’est la réalisation d’un rêve que nous sommes nombreux à avoir depuis longtemps : sortir l’internet de l’ordinateur. C’est une révolution qui a été initiée par l’iPhone, et qui arrive aujourd’hui sur un autre format : la tablette tactile. Ce sont désormais des terminaux orientés « usage ». Nous ne sommes plus en face du paradygme ordinateur qui est très restrictif (un clavier, une souris, sur lequel on peut tout faire, mais en étant bridé au niveau des usages).
Un très grand merci à François pour s’être plié avec brio au jeu de l’interview, pour sa franchise et sa disponibilité. N’hésitez pas à réagir en commentaires ou sur notre forum !