Notre test de la tablette BQ Aquaris M10 Ubuntu Edition

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Première tablette officielle fonctionnant sous Ubuntu Touch, l’Aquaris M10 Ubuntu Edition était attendue par de nombreux fans. Il est maintenant temps de voir si elle tient toutes ses promesses.

Sommaire

Prix et caractéristiques

La tablette conçue par la marque espagnole BQ n’est pas vraiment une nouveauté, puisqu’à l’origine elle existait sous Android Lollipop. Le matériel reste donc le même, seul le côté logiciel est totalement différent. Elle est déclinée en deux versions : la M10 HD blanche avec un écran HD (1280 x 800) et la M10 FHD noire ici en test qui intègre une dalle Full HD (1920 x 1200). Les prix sont respectivement de 229.90€ et 279,90€ sur le magasin en ligne de BQ. Bonne nouvelle, la M10 HD est 20€ moins chère que sa consœur sous Android. Le modèle FHD est quant à lui au même prix, un fait appréciable quand on sait qu’il y a un an les premiers Ubuntu Phones étaient commercialisés plus chers que leurs versions identiques sous l’OS de Google.

Mais voyons maintenant la fiche technique :

  • Écran 10.1″ IPS 1920 x 1200
  • Processeur MediaTek MT8163B à 1.3 GHz
  • 2 Go RAM
  • 16 Go de stockage
  • Micro-USB OTG, micro-HDMI, micro-SD jusqu’à 64 Go, wifi 802.11 a/b/g/n, bluetooth 4.0
  • APN 5 MP et 5 MP
  • Batterie LiPo 7280 mAh
  • OS Ubuntu Touch 15.04

Pour une première tablette, Canonical n’a pas voulu prendre de risques. La fiche semble donc assez légère, la M10 datant de fin 2015. Le stockage en particulier est un peu limité, mais ce fait est compensé par la possibilité d’ajouter une carte micro-SD. Voyons maintenant le design plus en détail.

Design

Si vous possédez déjà une M10 sous Android, vous ne serez pas dépaysé. Le look est exactement le même. On a donc une tablette de couleur noire avec une coque en plastique au toucher peau de pèche très agréable. Le nom de la marque est incrusté au dos, juste sous l’APN de 5 MP qui ne possède malheureusement pas de flash.

M10 Ubuntu Edition de dos
Le dos a un joli aspect peau de pèche.

 

appareil photo de la M10 Ubuntu Edition
L’APN fait 5 MP, c’est léger…

A l’avant, la M10 dispose de deux haut-parleurs situés sous l’écran. Leur disposition permet d’avoir un son correct pour une tablette de ce type. Le bouton tactile (qui pour information représente cinq empreintes de doigts) situé entre les deux haut-parleurs n’est pas actif, Ubuntu Touch fonctionnant uniquement avec les gestes tactiles sur l’écran. Au dessus de l’écran, on retrouve bien sûr le classique APN, qui fait aussi 5 MP (2 MP sur la M10 HD).

M10 Ubuntu Edition
La tablette Ubuntu est identique physiquement à sa version sous Android.

 

haut parleur de la M10 Ubuntu Edition
Les haut-parleurs en façade délivrent un son correct.

La majorité de la connectique est située sur la tranche gauche, seul le port micro-SD se trouve sur la tranche haute. On a donc un port micro-USB OTG pour la charge et le transfert de fichiers, un port micro-HDMI pour le branchement d’un écran externe et une prise casque. Contrairement à beaucoup de tablettes plus classiques, la connectique prend ici une grande importance comme nous le verrons en suivant.

Connectique M10 Ubuntu Edition
La connectique est importante pour la fonction de convergence.

 

Port Micro SD M10 Ubuntu Edition
La tablette embarque un port micro-SD qui compense le stockage un peu faible.

Sur la tranche droite on a les boutons de volume et d’alimentation. Ils sont en plastique et présentent malheureusement pas mal de jeu. D’ailleurs, j’ai aussi eu pas mal de craquements de la coque sur cette partie droite, ce qui ne donne pas spécialement confiance dans la solidité de cette tablette.

Boutons de la M10 Ubuntu Edition
Les boutons ont du jeu et semblent assez fragiles.

D’un point de vue dimensions, l’Aquaris M10 est relativement décente :246 x 171 x 8,2 mm pour un poids de 470 grammes. La machine est facilement transportable grâce à ce poids limité.

Écran

L’écran de la tablette espagnole est une réussite pour cette gamme de prix. Utilisant l’IPS, il dispose d’angles de vision larges et d’une bonne luminosité, même en pleine lumière du jour. Le verre Dragontrail est renforcé contre les rayures, un fait toujours appréciable.

Ecran M10 Ubuntu Edition
L’écran est relativement lumineux.

 

Angles de vues sur la M10 Ubuntu Edition
Les angles de vue sont plutôt bons.

Appareil photo

Les APN de l’Aquaris M10 ne laisseront pas une trace dans les annales des tablettes tactiles. La qualité des clichés est plus que passable et l’application Photo n’est pas au point, bien que mieux optimisée depuis les débuts du jeune OS. Le plus gênant c’est l’image qui est renversée un coup sur deux, rendant la prise de photos aléatoire. En basse luminosité, c’est encore pire, la faute à une absence de flash.

Photo prise par Aquaris M10 Ubuntu Edition
L’APN en veut visiblement à mon Warjack…

 

Aquaris M10 Ubuntu Edition
L’absence de flash nuit aux photos en basse luminosité.

La M10 n’est clairement pas conçue pour les photographes comme c’est souvent le cas pour les tablettes d’entrée et milieu de gamme.

 

Interface et applications

On arrive ici à la partie qui fait toute la différence avec les OS mobiles comme Android ou iOS. Afin de vous faire une idée du fonctionnement d’Ubuntu Touch, je vous invite à relire mon test. En un an, il a bien évolué, gardant néanmoins ses grandes lignes directrices.

Notre test d’Ubuntu Touch

La version tablette est identique à celle sur smartphone. Ma M10 de test est arrivée sous Ubuntu Touch 15.04 avec l’OTA 10.1. On retrouve donc le système de Scopes, qui apporte des informations variées sur les pages d’accueil. Il y a bien sûr des applications plus classiques, mais Canonical cherche à s’en dédouaner. Le magasin s’est d’ailleurs bien étoffé avec quelques incontournables. Visuellement, l’interface sur la tablette est un peu moins agréable que celle sur téléphone. Certains Scopes sont étirés ou tout l’affichage est collé sur la gauche de l’écran. En revanche, d’autres Scopes me semblent bien plus adaptés au grand écran comme Film Aggregator.

Interface de Ubuntu Edition
L’interface n’est pas encore bien adaptée au grand écran.

 

Les scopes sous M10 Ubuntu Edition
Certains Scopes sont quand même très bien fichus !

Les meilleurs Scopes, jeux et applications pour Ubuntu Touch

Les possesseurs de smartphones BQ ou Meizu ne seront pas dépaysés par l’utilisation de la tablette. Les gestes tactiles restent les mêmes et après quelques minutes on trouve vite ses marques. L’utilisation est toujours aussi intuitive, je ne me lasse pas de ce souffle nouveau apporté dans l’utilisation du tactile. Certes, on peut obtenir les mêmes résultats sous Android avec quelques bidouilles, mais Canonical a pondu un super concept, du moins à mon sens.

M10 Ubuntu Edition
Le dash Unity, bien connu des fans de la distribution PC est bien pratique.

La M10 apporte une nouveauté gestuelle : le Side Stage. C’est une sorte de mode multi-fenêtre accessible en faisant glisser une application avec trois doigts vers le bord droit de l’écran. Contrairement aux tablettes Android de Samsung ou Acer, ce multi-fenêtre n’est pas limité à certaines applications, il fonctionne avec tout. Une fonction sympathique qui évoluera dans les mois à venir. J’aime assez l’idée, même si les options sont inexistantes en dehors du redimensionnement du Side Stage.

Side Stage sous M10 Ubuntu Edition
La fonction Side Stage est une nouveauté réservée à la tablette.

Mais la plus grosse nouveauté de l’Aquaris M10 est la convergence, rendue possible grâce à l’association de l’OS et de la connectique. Vous n’êtes pas sans savoir qu’Ubuntu est à l’origine un système d’exploitation prévu pour les PC. Il a d’ailleurs sa place sur de nombreux serveurs et les machines de nombreuses personnes. Grâce à la convergence, Ubuntu Touch peut passer en mode « bureau », ce qui transforme la tablette en vrai unité centrale. Pour procéder à la transition, il suffit de brancher un clavier, une souris et un écran externe. Peu importe que vous utilisiez un hub USB ou du matériel bluetooth, la reconnaissance est immédiate. L’affichage bascule automatiquement en mode fenêtré, tout comme sur une distribution Ubuntu classique. En l’absence de matériel adéquat, vous pouvez quand même utiliser le mode bureau en appuyant sur un simple bouton.

Le mode bureau de la M10 Ubuntu Edition
Le mode bureau transforme la M10 en vrai PC.

 

M10 Ubuntu Edition
Le bouton bureau permet de changer de mode rapidement.

Une fois en mode PC, vous avez diverses options. Si la tablette n’est pas connectée à un écran via le port micro-HDMI, vous pouvez interagir avec l’écran tactile pour déplacer les fenêtres, les redimensionner ou les fermer. Si la M10 est connectée à un moniteur, son écran passe en mode pointeur et la tablette sert alors de souris tactile. Une idée géniale et porteuse d’énormément de promesses attendues depuis longtemps par les fans. Après test, le passage d’un mode à l’autre se fait avec simplicité, c’est intuitif et plutôt fonctionnel pour un premier essai.

Mais passer sur un fonctionnement de type PC ne servirait pas à grand-chose sans applications adéquates. C’est pourquoi la convergence vise aussi à une évolution logicielle. La M10 intègre des applications bien connues des linuxiens (ou des amateurs de logiciels libres) : Firefox, GIMP, LibreOffice, GEdit et XChat. Des logiciels venus directement du monde PC et adaptés pour un fonctionnement sur tablette ARM. Ce n’est qu’un début, Canonical visant dans les années à venir une uniformisation de son OS : un seul système pour plusieurs matériels, le tout basé sur un même code. La M10 n’est donc que le premier pas vers cette convergence qui mettra encore un peu de temps à mûrir pleinement.

L'éditeur graphique sous ubuntu
GIMP : éditeur graphique

 

M10 Ubuntu Edition
LibreOffice : éditeur de documents

 

M10 Ubuntu Edition
XChat : client IRC

 

Firefox le navigateur web sous la tablette M10
Firefox : navigateur Web

 

M10 Ubuntu Edition
GEdit : éditeur de texte

Grâce à ces quelques applications, la tablette de BQ est idéal pour la productivité : navigation Web, retouche graphique et édition de documents. Si comme moi vous trouvez que les tablettes Android ou iOS manquent de vraies fonctions pour être productives, Ubuntu pourrait être votre planche de salut. Reste à voir si l’ensemble fonctionne bien.

Performances

Ubuntu Touch est un tout jeune OS et Canonical n’a clairement pas le même rayonnement que Microsoft, Google ou encore Apple, ce qui limite forcément le budget alloué au développement. Ça se ressent vite à l’usage : les transitions d’écran ne sont pas parfaitement fluides, en mode bureau ça rame très vite dès qu’on utilise plusieurs applis en même temps, les applications sont très longues à lancer… Ça reste néanmoins meilleur qu’aux premiers jours du système. Malgré les ralentissements, je n’ai pas eu de plantage ni de redémarrage sauvage comme c’était le cas il y a quelques mois sur mon Aquaris E4.5. Les développeurs ont considérablement amélioré leur bébé, résolvant de nombreux bugs pénalisants et apportant des fonctionnalités nouvelles. Il reste cependant du chemin à parcourir, comme pour tout OS naissant. Rappelez-vous il y a de nombreuses années quand Android ne ressemblait pas encore à ce qu’il est maintenant et que personne n’y croyait… A mon sens, Canonical suit la même voie en apportant un OS radicalement différent des standard actuels. Certes, il y a beaucoup de bugs (clavier AZERTY mal reconnu, appli photo de travers, etc…). Certes, ça rame et c’est pas super beau. Mais les avancées sont bien là, notamment grâce à la convergence et aux Scopes que j’affectionne particulièrement.

Aquaris M10
Balls est un jeu 2D en développement qui tourne bien sur la M10.

Il faut aussi prendre en compte que Canonical ne vise pas le grand public avec sa tablette. Tout comme les smartphones BQ et Meizu, la société de Mark Shuttleworth tâte pour le moment le terrain, recueille les avis de la communauté et améliore son OS. Le grand public n’est donc pas la cible de la M10 pour le moment, même si au final cette machine peut très bien s’acquitter de tâches classiques comme la navigation Web ou le visionnage de films. Après, j’ai moi-même mis de côté mon Oneplus One vieillissant pour utiliser au quotidien mon Aquaris E4.5 qui s’avère capable de remplir toutes les tâches dont j’ai besoin : voir la météo, lire mes news, envoyer des mails, regarder des vidéos, écouter ma musique ou encore trouver un coin sympa pour manger sur le pouce. Au final, il me manque juste Slack qui me sert pour le boulot, sinon c’est parfait. Et la tablette peut aller plus loin, puisqu’elle propose ses applis de productivité afin d’écrire mes articles ou bidouiller mes photos.

Je ne m’inquiète pas trop pour l’avenir, les mises à jour toutes les six semaines viennent améliorer le système très rapidement, bien plus vite qu’à l’époque des premières versions d’Android ou iOS. Pour un premier essai dans le monde des tablettes tactiles, Canonical et BQ n’offrent pas un monstre de guerre, mais plutôt un concept fort. Chaque chose en son temps !

Autonomie

A ses débuts, Ubuntu Touch était une vraie catastrophe au niveau de l’autonomie. Depuis l’OTA 8, il y a eu des changements radicaux sur ce point, le système ayant bien mûri. Le lecteur vidéo ne gérant pas le visionnage en boucle, je n’ai pas pu réaliser le test d’autonomie classique. Sachez cependant qu’Ubuntu Touch a fait de gros progrès sur l’autonomie et que la M10 est capable de tenir une bonne journée, même en utilisant les application comme LibreOffice ou Firefox.

Là encore, les prochains mois verront probablement des améliorations dans la gestion de la batterie, il faudra être un peu patient, mais c’est le lot de tout « early adopter ». En attendant, je vous propose de passer à la conclusion de ce test.

Conclusion Aquaris M10 Ubuntu Edition

Noté par Johan Gautreau : 3.0 étoiles
***

Difficile de noter l’Aquaris M10 Ubuntu Edition. Il est clair que si on la compare à sa version sous Android, elle fait difficilement le poids en termes de performance et d’efficacité. Malgré tout, le concept de convergence est diablement séduisant, permettant de transformer l’ardoise en vraie unité centrale tout en gardant les avantages d’une tablette tactile classique. Le grand public n’est pas visé par Canonical (ou alors si c’est le cas, ce n’est pas le bon moment) et il faudra attendre encore quelques mois pour que l’OS de Mark Shuttleworth s’améliore. Les mises à jour sont régulières, la communauté très active, ce qui laisse envisager du bon pour l’avenir, même face à des ténors comme Google et Apple. Ubuntu Touch est peut-être le challenger qui viendra changer la face du marché mobile. C’est tout le mal qu’on peut lui souhaiter !

 

Les + :

  • Tablette légère et élégante
  • Le concept de la convergence
  • Un OS ouvert qui ne pompe pas vos données
  • Autonomie correcte

Les – :

  • Fragilité du chassis
  • Ubuntu Touch loin d’être prêt pour le grand public
  • APN de mauvaise qualité
  • Pauvreté du magasin (malgré des progrès)

le 6 9023
- Marque(s) / Os :
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6 commentaires
  1. « Bonne nouvelle, la M10 HD est 20€ moins chère que sa consœur sous Android »… ben voyons! moi une tablette à 200 ou 300 euros ..faut arrêter de dire que c’est un super bon prix vraiment à portée de toutes les bourses! On est dans le fantasque et le grotesque avec ce genre de prix obscènes à souhait que beaucoup admirent… pour quel intérêt.? et des tablettes de qualité à 75 euros voire moins…ils ne savent pas faire peut être.?

  2. C’est bien joli, mais je ne vois pas comment Ubuntu pourra réussir là ou Microsoft s’est loupé.

    Une tablette sans logiciels reste vite inutile…..et franchement il suffit de voire ce qui est installé sur les tablettes que nous voyons passé au SAV pour s’en rendre compte.

    Après, peut-être que la commercialisation d’une house clavier pourrait remplacer un portable…..

    Mais il reste l’éternel problème des imprimantes, prenez Brother, vous ne pourrez pas les installer….

    J’ai l’impression que ce n’est pas une tablette idéale vu l’éco système, ni un portable léger et vu la concurrence je n’y crois pas trop…

  3. Merci pour l’article. Quelques coquilles:

    « pas les fans. »
    Par.

    « je ne me lasses »
    Pas de S.

    « murir », « muri »
    Accents circonflexes.

    1. Bonjour,

      Merci pour votre retour, ces grossières erreurs ont été corrigées.

      Cordialement,
      Johan

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