Professeure des écoles dans le quartier de la Goutte d’Or à Paris, Véronique Favre expérimente la tablette tactile dans sa classe de petite section depuis février 2011. Il s’agit de l’iPad de la circonscription ((Paris 18B, circonscription de la Goutte d’Or : http://18b-gouttedor.scola.ac-paris.fr/spip.php?article2418)) , qui lui est confié à temps complet. Elle dispose d’un iPad 1ère génération, 16 go, pour une vingtaine d’élèves.
Voici quelques exemples concrets qui montrent ce que j’ai pu expérimenter avec mes élèves pour mettre l’iPad au service des apprentissages, dès le plus jeune âge.
Apprendre à s’en servir est enfantin : allumer, déverrouiller, connaître le bouton principal, gérer la pression du doigt, ouvrir / fermer une application, se repérer dans le contenu. Les enfants sont autonomes très rapidement.
L’adulte installe sur l’iPad des restrictions : il ne peut pas y avoir de « mauvaise manipulation » qui endommagerait son contenu. De ce fait, il y a une grande liberté à l’utiliser, une confiance envers ces (tout) petits doigts qui s’en servent au quotidien. Le fonctionnement de la tablette est intuitif.
Les élèves l’utilisent tout au long de la journée, selon les besoins de la vie de la classe : seul, deux par deux, en petits groupes ou tous ensemble en classe entière. Les modalités sont variées.
Parler : écouter, comprendre, dire, raconter, nommer …
Mes élèves sont en train de construire leur langage et beaucoup ne parlent pas le français. Au travers des histoires que nous lisons en classe, ils acquièrent du vocabulaire, comprennent de mieux en mieux la structure du récit. Avec l’iPad, ils ont une autre expérience de la lecture d’histoire : ils écoutent, regardent d’autres histoires que celles que je leur lis. Ils y ont accès en autonomie. Les (vrais) livres sont toujours très présents dans la classe mais le contenu (enrichi) sur l’iPad apporte un plus : musique, animation, jeux, explication de vocabulaire.
Il est important de leur proposer plusieurs versions d’une même histoire. Un exemple ici, avec un conte que nous travaillons par ailleurs dans la classe : Boucle d’Or et les trois ours. Le support iPad est complémentaire du travail quotidien dans la classe, il entre en résonnance.
[app 382036220]Avec des applications plus spécifiques, les élèves vont apprendre de nouveaux mots de vocabulaire : appuyer sur l’image pour entendre le nom ou jouer : écouter le nom puis appuyer sur la bonne image.
En jouant, ils apprendront par exemple le nom des couleurs, le nom des animaux, le nom des lettres etc.
J’utilise des imagiers « tout faits » ou sur-mesure, créés pour les besoins de la classe.
Par ailleurs, j’enregistre les élèves qui racontent des histoires (ou je m’enregistre moi-même) : nous créons très facilement des eBooks (livres numériques) qu’ils pourront ensuite écouter et regarder quand ils le souhaiteront lors des passages régulés.
Un autre exemple, avec Tapikeo, (imagier sonore) : nous avons enregistré des imagiers variés : le matériel de classe (« un pinceau, une chaise, un crayon, une assiette » …), une recette de cuisine, une histoire connue, le vocabulaire lié à un film que nous sommes allés voir au cinéma, une sortie au musée du Louvre etc. Les idées sont infinies.
[app 462923679]Echanger
La tablette tactile (de faible encombrement, mobile) se pose facilement au centre du groupe, entre deux enfants et suscite des interactions riches, elle favorise la coopération : « regarde ce que je fais, aide-moi, faisons ensemble ». Elle favorise l’apprentissage de la langue par la négociation.
Grâce à l’application Photo, en atelier langage, nous reparlons des moments de classe vécus. Les enfants ont besoin de dire à nouveau des événements vécus collectivement, parler aussi avec le support des images prises lors des différentes activités (gymnastique, sortie culturelle etc), avec le moins de décalage dans le temps possible.
Ce n’est pas toujours possible d’imprimer, en couleur, et le coût est moindre.
Avec l’application Vidéo, ils peuvent voir ou revoir de petits extraits de films, de films d’animation ou des projets numériques menés en classe.
Individualisation et découverte
Chacun découvre à son rythme. Les élèves n’en sont pas arrivés tous au même stade dans les apprentissages, la tablette permet une différenciation, elle répond aux besoins de chacun et s’adapte précisément à ce qu’il peut faire, comprendre et apprendre.
Ils vont d’ailleurs, seuls, vers ces besoins-là, ils explorent de manière organisée.
La motivation que procure la tablette, l’attraction qu’elle opère sont des composantes essentielles dans les apprentissages : ce sont des points de départ positifs qui vont permettre à l’enseignant d’emmener les élèves vers d’autres découvertes, qui permettent d’aller plus loin.
Les applications choisies sont bien pensées : pédagogiquement elles répondent à des objectifs qui répondent aux programmes officiels de l’Ecole Maternelle. Il s’agit de bien les sélectionner.
La concentration des élèves est incomparable lorsqu’ils travaillent avec l’iPad, leur attention est favorisée par le contenu, les animations qui conviennent parfaitement à leur jeune âge. Ils vont explorer avec plaisir. Ils travaillent ainsi parce qu’ils sont actifs, ils ne « consomment » pas du contenu : être acteur de ses apprentissages est une composante essentielle, la tablette favorise cela.
Leur autonomie vient du fait que, n’ayant pas accès à la lecture, ils sont guidés, emmenés, accompagnés par une consigne orale, par des manipulations à réaliser, par des actions.
- Compter : avec des applications choisies, les élèves s’entraînent et découvrent les nombres, les quantités. Ils font des puzzles, , travaillent avec les formes géométriques, créent des mosaïques, jouent au mémory. Les jeux sont animés, sonores, évolutifs ; l’élève agit.
- Ecrire : en petite section, les élèves découvrent les lettres de l’alphabet, ils commencent à lire à écrire leur prénom : ils se familiarisent avec l’écrit. Sur l’iPad, les élèves peuvent choisir plusieurs applications qui serviront ces objectifs, tout en jouant. L’élève aura accès à des ressources animées et ludiques, selon ses envies, son projet, ses intérêts
- Dessiner, colorier : il y a sur l’App Store beaucoup d’applications où, simplement, les élèves pourront s’entraîner, créer avec de nombreux outils, de couleurs, en insérant des photos ; ils pourront sauvegarder leurs dessins et s’en servir pour communiquer avec la maîtresse ou avec leurs camarades (ou les insérer dans un eBook). Je recommande Interactive Board : l’enfant peut revoir le film de son dessin, dire comment il s’est créé. Dire comment on a procédé fait réfléchir l’élève sur les processus de la création, de la réflexion.
- Découvrir : à 3 ans, les élèves sont curieux de tous les domaines ; sur la tablette tactile, ils auront accès à de multiples domaines où exercer, nourrir cette curiosité.
L’iPad va proposer beaucoup plus de supports que l’enseignant ne pourrait en apporter en classe.
Ces supports sont interactifs, sonores, ludiques, animés : ils offrent, pour les apprentissages, des supports précieux, d’une variété (presque) infinie – limitée par la capacité de l’iPad- !
L’enseignant ne peut pas apporter en classe : un accordéon, une guitare, un violon, un banjo, faire bouger des coccinelles sur demande (tout en apportant des savoirs sur celles-ci), jouer avec le portrait de la Joconde, découvrir de manière interactive tous les animaux, créer de la musique. Et bien plus encore !
Sur la tablette, les élèves auront accès, de manière autonome, à des contenus variés, qui s’adaptent à leur soif d’apprendre.
L’iPad fait entrer dans la classe des ressources d’une grande richesse.
Un exemple, « Louvre Kids » et « Joue avec Léonard de Vinci » : l’enfant va pouvoir entrer dans les œuvres, visualiser des détails, les mettre en lumière, colorier et … recommencer à l’envi (donnée importante à cet âge), modifier, transformer, entendre des informations simples, adaptées sur les œuvres d’art. Un vrai parcours interactif dans le musée qui complète, enrichit notre sortie scolaire, « en vrai ».
[app 508514287] [app 505857918]A des enfants qui ne sont pas encore lecteurs, l’iPad va offrir un contenu riche, un accès aux connaissances les plus variées, en autonomie. L’enseignant n’est pas toujours disponible pour chacun.
Jouer est un mot essentiel en maternelle. L’enfant apprend et se construit en jouant, mais aussi en manipulant. L’iPad ne remplace pas la classe ! Il s’adapte à nos projets, à la vie de la classe, tout simplement, naturellement.
J’organise le contenu en consacrant une page pour chaque domaine d’apprentissage. Les élèves se repèrent très vite et explorent librement. Le contenu évolue, se complexifie en cours d’année scolaire. L’iPad est entièrement consacré aux enfants.
Deux bureaux (Springboards) configurés par domaines
Il est rapidement devenu indispensable dans notre classe, c’est un outil totalement intégré à nos pratiques, à nos habitudes : familier.
L’iPad apporte une variété, une infinie richesse que l’enseignant seul ne peut pas apporter : contenu, diversité, interactivité. Il permet d’accéder à des savoirs quand on n’a pas accès à la lecture et communiquer quand on n’a pas accès à l’écrit, de manière autonome et active.
Ses usages sont aussi infinis que nos idées, il s’agit d’imaginer comment il va faciliter ou enrichir nos projets de tous les jours, tout au long de la journée et de l’année scolaire.
Pour en savoir plus sur les applications adaptées (et conseillées !) au jeune public :
- Ma sélection, commentée : Inspection de la Goutte d’Or
- Le site de Denis Desjour : Macternelle
- Le site « Déclic Kids » : Déclic Kids
- Le site « La souris Grise » : La souris Grise
Un très grand merci à Véronique pour son témoignage particulièrement riche, et n’hésitez pas à réagir et commenter cette expérimentation d’une tablette en classe de maternelle.
Bonjour ! Le site de La Souris Grise a changé d’adresse : on peut le retrouver ici refait à neuf : http://www.souris-grise.fr
j’ai telecharge le livre electronique de chocolapps le petit chaperon rouge. les droits etant tombes dans le domaine public, l’histoire a ete changee. pour moi, l’oeuvre n’est pas respectee. donc chocolapps, je m’en mefie beaucoup.
Bien entendu : méfiance ou prudence, vigilance avant de proposer une application à des enfants … Bien entendu !